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Face aux normes s'affrontent l'entrepreneur et le régulateur - Eric Albert - lesechos.fr

Face aux agriculteurs, les écologistes apparaissent comme ceux qui défendent, à juste titre, la nécessité des normes. C'est comme si deux profils psychologiques s'affrontaient. Une situation transposable au milieu de l'entreprise, où les opérationnels font face aux fonctions régaliennes, garantes du respect des règles.

L'un des déterminants de la crise du monde agricole est l'excès de normes. Le sujet résonne pour tout citoyen et plus encore pour tout entrepreneur.

Face aux agriculteurs, les écologistes apparaissent comme ceux qui défendent, à juste titre, la nécessité des normes. C'est comme si deux profils psychologiques s'affrontaient.

D'un côté, les agriculteurs aiment « faire » : ils ont besoin d'être sur le terrain et trouvent leur satisfaction dans la capacité à réaliser, à trouver des solutions face aux difficultés et à obtenir des résultats. De l'autre, les écologistes qui défendent l'intérêt collectif : ils ont un idéal et tout est bon pour s'en approcher. Sûrs de la valeur de leur cause, ils sont prêts à tout pour la faire respecter. Les entrepreneurs font face aux régulateurs.

Cette situation est transposable au milieu de l'entreprise. Les opérationnels, centrés sur leurs capacités à délivrer, font face aux fonctions régaliennes, garantes du respect des règles.

Passer du temps sur le terrain

Les règles ou les normes en entreprise sont de deux types. Celles qui sont imposées par un cadre réglementaire extérieur et celles qui sont construites, en interne, au sein de l'entreprise. Le risque est que ceux qui en sont responsables fassent des excès de zèle.

D'abord, pour être sûrs qu'il n'y aura aucune dérogation et que l'on aura réduit le risque à zéro. Ensuite, par goût de construire un cadre parfait qui s'applique à tout le monde de façon uniforme. Enfin, parfois même pour la satisfaction de multiplier les interdits.

Le risque grandit lorsque la règle devient une fin en soi. Est-il raisonnable d'avoir encore des régulateurs, entièrement coupés des acteurs de terrain, qui construisent des modèles sans prendre en compte leurs conséquences sur ceux qui devront les appliquer ? Tout régulateur devrait passer du temps sur le terrain.

Rendre la norme acceptable

L'esprit du régulateur devrait se focaliser sur la manière de rendre la norme acceptable tant sur le plan intellectuel que dans sa pratique. Ce qui la rendrait plus légère à mettre en oeuvre.

Un problème de sécurité apparaît, ou une amende pour une action limite d'un opérationnel tombe, et l'arbitrage se fait en faveur des régulateurs, qui ajoutent un nouveau train de normes et de reporting afférent. Ce qui peut installer un rapport de force, oscillant au gré des événements.

À l'inverse, le patron se rendant sur le terrain rencontre les responsables locaux, qui lui montrent combien ils croulent sous les règles. Cette situation pourrait alors déboucher sur un grand plan de simplification à mettre en oeuvre.

Le primus doit revenir à l'entrepreneur à qui l'on donne les moyens de respecter un cadre.