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L'être humain a un capital émotionnel, pas l'intelligence artificielle - Eric Albert - lesechos.fr

Les émotions sont un des éléments essentiels de l'intelligence humaine.

Depuis l'arrivée de ChatGPT, la question de la place de l'intelligence artificielle (IA) dans nos vies est récurrente. Plus encore, la rivalité de celle-ci avec celle des humains devient une préoccupation pour beaucoup.

Cette intelligence qui apprend sans limites et répond, avec empressement, à nos questions tout en restant d'une humeur égale – même après lui avoir demandé plus de précisions à maintes reprises – est décidément troublante.

Sont avancés des chiffres impressionnants, qui prévoient le nombre d'emplois qui seraient remplacés par des IA. Comme si nous n'en avions pas assez, voilà une nouvelle menace qui vient s'ajouter à toutes celles qui s'accumulent depuis quelques années.

Il faut un corps

Il y a toutefois une dimension sur laquelle l'intelligence artificielle ne peut pas rivaliser avec l'humain, c'est celle de l'émotion. L'IA sait reconnaître les émotions, elle peut aussi les mimer mais elle est dans l'incapacité de les ressentir.

Car pour ressentir une émotion, il faut un corps. L'émotion ne se tient pas que dans le cerveau. Elle touche l'individu dans son ensemble. Un individu vivant et incarné.

Ces émotions sont un des éléments essentiels de notre intelligence. Elles nous permettent de construire des relations avec nos proches. Elles sont indispensables à la génération d'idées.

Elles sous-tendent notre motivation et notre détermination à réaliser une tâche. Et nous donnent énergie et plaisir. Elles ont aussi leur aspect encombrant lorsqu'elles nous bloquent, nous conduisent à ruminer ou nous focalisent sur la dimension négative des événements. Sans compter qu'elles peuvent nous déborder avec toutes les conséquences ainsi provoquées.

Facilité managériale

Cet atout émotionnel, qui peut se transformer en cauchemar, les entreprises doivent le considérer pour mieux l'utiliser. Chaque salarié a un potentiel, qui ne repose pas seulement sur ses compétences et ses comportements mais aussi sur ses capacités émotionnelles.

Ces dernières lui donnent de l'élan, de la créativité, de l'envie, de la capacité à partager et à évoluer. Ce capital émotionnel se travaille et se développe. Chaque collaborateur peut apprendre à l'identifier, à le réguler et à l'utiliser dans son quotidien.

De son côté, le management a tout intérêt à s'interroger sur l'environnement émotionnel qu'il veut créer et à la façon de le mettre en oeuvre. Car la facilité managériale est souvent d'activer des émotions négatives comme la peur ou la rivalité.

Nous comparer aux machines, c'est faire fi de ces capacités émotionnelles. À nous d'en tirer profit, de façon à cultiver notre différence, donc notre complémentarité.