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Le tempo de la décision - Eric Albert - lesechos.fr

La prise de décision concerne deux types de dirigeants et peut provoquer deux types d'anxiété.

La presse se fait l'écho des hésitations du chef de l'État à décider du remaniement de son gouvernement. Ce n'est pas la première fois qu'on le voit hésiter, prendre son temps, remettre à plus tard ses décisions. C'était déjà le cas pour la nomination du gouvernement actuel.

La plupart du temps, les évaluations des dirigeants par un 360° incluent la question de la prise de décision au bon rythme. Les collaborateurs, trouvent souvent que leur chef ne décide pas assez vite.

Cette évaluation est délicate car ceux qui ne sont pas en position de prendre la décision ne disposent pas de tous ses déterminants. Reste que certains dirigeants décident vite, parfois trop vite et d'autres pas assez. La prise de décision concerne deux types de dirigeants et peut provoquer deux types d'anxiété.

Pas de règle sur le bon rythme décisionnel

D'un côté se trouvent ceux que l'incertitude rend mal à l'aise. Dès que le problème se pose, ils élaborent une solution. Ces dirigeants décident souvent en réunion lorsqu'un sujet apparait. Pour eux toute attente est du temps perdu et la définition d'une bonne décision, c'est qu'elle est prise rapidement.

De l'autre, il y ceux qui, comme le président de la République, hésitent. Sous prétexte de ne pas se laisser mettre la pression par leur entourage, ils reculent pour ne prendre la décision qu'une fois contraints par leur trop longue hésitation. Ils réexaminent les options avec la conviction que la bonne décision est nécessairement celle qui a été longuement mûrie.

Les premiers, en allant trop vite, n'explorent pas assez et les seconds retardent la mise en oeuvre et exaspèrent leur entourage. Pour autant, il n'y a pas de règle générale universelle sur le bon rythme décisionnel, tout dépend bien sûr des circonstances. C'est donc de soi qu'il faut se méfier. Car, connaissant ses propres tendances, on peut y être attentif pour se pas se laisser aller à sa pente naturelle.

Celui qui se précipite doit probablement prendre plus de temps, consulter et accepter cette période d'attente qui certes retarde un peu mais évite parfois de se tromper. Pour l'hésitant permanent, il est souvent dans la quête de la décision parfaite, qui bien sûr n'existe pas.

Il faut qu'il mesure, le temps perdu et surtout à quel point l'attente est de nature à décourager les personnes concernées par la décision à venir. Car, cela prend valeur symbolique, comme tout ce que font les dirigeants.

Le tempo décisionnel est très illustrant de traits de personnalité des dirigeants. À chacun d'avoir suffisamment de recul pour trouver le bon.