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Il est temps de sortir de la verticalité - Eric Albert - lesechos.fr

Pour entrer dans la phase de rebond, il est nécessaire de changer radicalement les pratiques qui ont réussi à faire traverser la crise sanitaire aux entreprises.

Tout le monde se souvient de l'intervention solennelle du président de la République annonçant le confinement et déclarant que la France « quoiqu'il en coûte » mettrait tous les moyens pour protéger ses citoyens. Dans les jours qui ont suivi, la centralisation du pouvoir a été portée à son maximum. L'appareil d'Etat, dans son intégralité, s'est tourné vers le haut de la pyramide où se prenaient toutes les décisions. Cette pratique a été l'objet de beaucoup de critiques. Pourtant, il en a été de même dans de nombreuses entreprises. Des cellules de crise autour du CEO se sont réunies, tous les jours, pour traiter les problèmes un à un et indiquer à l'organisation la marche à suivre.

Beaucoup, en faisant le bilan considèrent que cela a été particulièrement efficace. Une poignée d'individus a pu ainsi faire passer la crise à de vastes organisations en prenant toutes les décisions. Ce fonctionnement permet une unité puissante tant dans la ligne directrice que dans la mise en oeuvre, avec des décisions rapides qui tenaient compte en temps réel des évolutions de la situation. Mais notons que cette verticalisation, qu'elle soit nationale ou dans les entreprises, a eu comme conséquence une infantilisation des acteurs – ces derniers se positionnant en attente vis-à-vis du pouvoir et demandent plus de protection, plus de sécurité, plus de garanties.

 

Des méthodes qui ont fait leurs preuves en période de crise

 

Le risque est que chacun y trouve son compte : ceux qui aiment piloter se délectent d'avoir repris toutes les manettes du pouvoir, les autres apprécient le confort d'être pris en charge. Certains dirigeants envisagent donc à la fois de réduire leurs effectifs, considérant qu'on a pu se passer de nombreux collaborateurs pendant plusieurs mois, et de continuer à tout décider eux-mêmes, puisque tout marche si bien quand ils le font.

C'est évidemment une grave erreur. D'abord, parce que s'il est indispensable en période de crise de focaliser sur ce qui est important, pour autant, de nombreuses activités qui ont pu être mises au repos comme la formation, n'en sont pas moins essentielles. Ensuite, parce que rien n'est pire que d'avoir une population en attente que tout vienne du haut. Enfin, parce que la phase qui s'ouvre va demander créativité et adaptabilité – ce qui suppose des prises d'initiatives du terrain. Les entreprises ont besoin de retrouver des équipes pleines d'allant, qui ont envie de prendre leur destin en main et de multiplier les initiatives.

Il est urgent de clore cette période de crise, marquée par le confinement, pour entrer dans la phase de rebond. Cela signifie que, contrairement à ce que beaucoup sont tentés de faire, il est nécessaire de changer radicalement les pratiques qui ont fait traverser la crise. Elles ont fait leurs preuves dans un contexte de crise aiguë, mais elles mèneront dans le mur dans la période qui s'annonce.