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L'entreprise doit-elle s'adapter à chacun ? - Eric Albert - lesechos.fr

La même règle ne peut plus s'appliquer à tous, il faut que l'entreprise donne dans une forme de « semi-mesure ».

La montée de l'individualisme, phénomène sociétal, impacte particulièrement les entreprises. Depuis la survenue du Covid et l'avènement du travail à distance, chacun attend que l'entreprise lui offre un cadre de travail qui correspond à sa situation particulière.

L'un vient d'avoir un second enfant et a besoin de passer plus de temps chez lui. Un autre, passionné de surf, souhaite avoir plus de temps de vacances pour s'adonner à son sport. Une troisième a des parents en fin de vie en province et doit pouvoir télétravailler de chez eux pour les accompagner.

On constate deux attitudes vis-à-vis de ce phénomène. La plus fréquente consiste à se désoler de ce manque d'implication de la génération montante. Contrairement aux précédentes, elle fait passer sa vie personnelle avant sa vie professionnelle.

Alors que plus de 60 % des collaborateurs mettaient le travail au centre de leur vie dans les années 1990, ils ne sont plus que 23 % à le faire aujourd'hui. L'autre façon de prendre en compte ce phénomène est de faire en sorte que l'entreprise s'y adapte.

Fixer un cadre aux collaborateurs

Bien sûr, le risque est d'avoir des collaborateurs pour lesquels le travail n'est plus qu'une source de revenu. Ils ont une mentalité d'indépendants alors qu'ils ont tous les avantages des salariés. Il est donc indispensable de leur fixer un cadre.

Celui-ci part des besoins de l'entreprise et de l'implication indispensable des salariés en termes de participation à une dynamique collective, une contribution à la créativité et l'innovation et un soutien auprès de ses collègues (sur le plan du développement et du support psychologique).

Autrement dit, contribuer au bon fonctionnement de l'équipe et à l'agilité collective nécessaire. Il faut expliciter qu'un salarié n'est pas un simple producteur, même si ce n'est pas écrit comme tel dans son contrat de travail. Il ne s'agit pas seulement de faire mais de participer.

Une fois cette base clarifiée, l'entreprise a deux enjeux. D'une part, donner envie aux acteurs d'être présents et de contribuer. Cela suppose d'entretenir une atmosphère émotionnelle positive. Enorme sujet managérial ! A supposer qu'ils sachent comment faire, cela n'entre pas dans l'évaluation des managers, donc ce n'est pas une priorité.

Ensuite, il faut assurer un suivi individuel des collaborateurs et sortir de l'idée qu'une règle est la même pour tous. Pour cela, l'entreprise va devoir développer des outils de même nature que ceux - de type CRM - dont elle dispose pour ses clients.

L'employee relationship management, ou ERM, va se développer pour beaucoup mieux comprendre les spécificités et besoins de chacun, s'ajuster aux attentes et assurer un suivi documenté de cette relation.

La même règle ne peut plus s'appliquer à tous, il faut que l'entreprise s'adapte.