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Les déterminants de la rupture

Après un suspense digne des meilleurs thrillers, le Royaume-Uni a finalement décidé de faire cavalier seul et donc de rompre avec l’Europe. Pendant toute la campagne, les acteurs des deux côtés de la Manche ont développé des discours en faveur du « in or out ». Au-delà des arguments et du propos rationnel, les méandres des déterminants psychologiques de la rupture sont souvent complexes. Les mettre à jour nous concerne tous, notamment dans l’entreprise, où les occasions de rupture sont fréquentes. Qu’il s’agisse de préserver un partenariat pas vraiment satisfaisant, de garder un salarié aux résultats contrastés, de maintenir une organisation imparfaite ou de choisir soi-même de quitter l’entreprise, le « in or out » se pose. Plusieurs ressorts peuvent jouer pour orienter notre choix. Ils sont, d’une part, du registre personnel de chacun dans notre rapport à l’engagement et à l’inconnu. En effet, les orientations précédentes que nous avons prises, nous engagent. A notre insu, nous sommes enclins à poursuivre dans le même sens. Un autre déterminant est notre rapport à la nouveauté et au risque. Ceux qui se font confiance dans leur capacité d’adaptation rompront plus facilement. A l’inverse, la recherche de sécurité poussera à se maintenir dans la situation actuelle. Nos émotions jouent donc un rôle dans le choix décisionnel sans que l’on s’en rende compte. En complément de ce questionnement sur soi, la rupture concerne la relation à l’autre. A nouveau, la dimension émotionnelle est présente, car toute relation est colorée de ressentis. Et il peut être tentant de faire durer une relation par sympathie ou de rompre par agacement. Sur un plan rationnel, le choix de rompre devrait résulter des réponses à différentes questions. Y a-t-il un sens partagé par les deux parties dans cette relation ? En quoi ce sens conduit-il à des objectifs communs qui permettent à chacun d’y trouver un bénéfice ? Quel équilibre réciproque ? Mais surtout quelles sont les modalités d’échanges qui permettent d’entretenir la qualité relationnelle ? Bien souvent, la rupture résulte de l’incapacité à se comprendre mutuellement. Reste à s’interroger sur ce que l’on apprend de ses ruptures ou de ses incapacités à rompre. Car la vraie liberté n’est pas de rompre ou de rester, mais de maîtriser ce qui conduit à le faire.