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Coresponsabilité

S’il est essentiel d’attendre qu’une affaire soit jugée avant d’en tirer quelque conclusion, pour autant, l’affaire Baupin pose la question de la responsabilité de l’entourage dans les dérives. En effet, les langues se délient, et nombreux sont ceux qui reconnaissent avoir, pour le moins, eu bruit des agissements de l’intéressé. Comment se fait-il qu’aucun ne se soit senti tenu de dénoncer ? Les raisons habituellement avancées sont connues : ne pas vouloir freiner la carrière d’un dirigeant du parti au demeurant compétent, peur des conséquences pour soi, gêne concernant le sujet. Reste qu’en se taisant, chacun des acteurs porte une part, certes minime, de responsabilité dans la perpétuation de ces dérives. Ce fait d’actualité renvoie à une problématique fréquente de management : comment susciter un sentiment de coresponsabilité chez les acteurs ? En effet, presque quotidiennement, on peut constater que les uns et les autres voient des dysfonctionnements qu’ils laissent continuer. Considérant que ça ne relève pas de leur champ de responsabilité, cela ne les regarde pas. Ils passent à côté avec indifférence. Or l’entreprise de demain, telle qu’on commence à la voir émerger, a avant tout besoin de trois choses : d’intelligence collective, de souplesse adaptative, de prise d’initiative des acteurs de terrain. Parmi tous les ingrédients managériaux qui permettent d’y parvenir, l’un, essentiel, est la coresponsabilité. Elle pourrait se définir par le sentiment de partager un projet commun et d’en être un acteur contributif, qui se sent concerné par l’efficacité de l’ensemble de l’organisation. La coresponsabilité suppose que la frontière de la contribution ne s’arrête pas à l’atteinte de ses objectifs propres. Elle s’appuie sur un état d’esprit qui s’approprie les enjeux globaux de l’entreprise. Elle se nourrit du sentiment d’appartenir à un collectif, au sein duquel son propre rôle est important et n’est pas substituable. L’enjeu des nouvelles formes de management est donc de développer la coresponsabilité. Pour cela, il s’avère indispensable que l’ensemble des acteurs se sentent autorisés à s’exprimer, à agir, mais aussi à décider. C’est donc en montrant ouvertement qu’il ose partager le pouvoir que le management suscitera la coresponsabilité. C’est en effet avant tout une question de partage. Or, pour ceux qui détiennent des parcelles de pouvoir, qu’il est difficile de partager !