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Télétravail et dynamique collective : large spectre d'attentes et de malentendus ! - Eric Albert - lesechos.fr

Au-delà du confort de travail, l'appétence à revenir sur le lieu de travail est variée, selon les individus. C'est vrai aussi des entreprises.

Cette généralisation du télétravail a créé un double mouvement. Celui, le plus évident, est que le travail est entré dans la vie personnelle de chacun. Les collègues ont pu voir les intérieurs de ceux qui ne mettaient pas de fond d'écran et parfois bénéficié de l'irruption de membres de la famille. Dans le même temps, chacun a appris à organiser son télétravail pour qu'il s'adapte à sa vie personnelle. Certains en travaillant d'un lieu de vacances, d'autres en utilisant les pauses ou les interminables réunions à distance pour vaquer à leurs occupations ménagères. Tous appréciant de ne pas avoir de transport et de n'avoir pas à être soumis en permanence au regard des autres.

Ce mode de travail a fait apparaître les inégalités de confort dans son espace de vie personnelle, qui dépendent évidemment des moyens de chacun et de la situation familiale. Mais, au-delà du confort de travail, l'appétence à revenir sur le lieu de travail est variée selon les individus. C'est vrai aussi des entreprises.

Une entreprise, un cadre

Certaines préconisent le télétravail intégral comme Facebook, d'autres, comme Goldman Sachs, le « présentiel » complet. Entre les deux, chaque entreprise a posé son cadre au sein de l'accord signé qui peut aller d'un jour maximum de présence à pas plus d'un jour de télétravail.

De la part des individus comme des entreprises, la demande de présentiel est révélatrice de la relation que l'on souhaite avoir à son travail.

Etre présent est évidemment impliquant. Ne serait-ce que sur le plan relationnel avec ses collègues avec lesquels – au-delà des échanges professionnels – on passe du temps de pause et de déjeuner. Des liens se créent, se font et se défont, comme dans la vie courante. En fait, le nombre de jours de présence sur le lieu de travail est directement proportionnel à l'importance que l'on accorde à la dynamique collective.

Tout le spectre des attentes

Pour certaines entreprises un modèle à la Uber leur convient. Chaque salarié produit de chez lui et n'a d'interactions avec les autres que purement fonctionnelles. Ce qui correspond aux désirs d'une partie des salariés qui n'attendent de leur travail qu'une source de revenu.

L'une des complexités est que sur l'ensemble des collaborateurs d'une entreprise, on a tout le spectre des attentes. Ceux qui ont besoin de participer à un collectif et à l'opposé ceux qui, au contraire, cherchent à s'en préserver. C'est pourquoi l'entreprise, au-delà des accords sur le télétravail, doit être explicite sur ses attentes et son modèle. Cela permettrait d'éviter beaucoup de malentendus et de frustrations.