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Poutine, guerre en Ukraine... Comment faire face à l'irrationalité - Eric Albert - lesechos.fr

Chacun d'entre nous se trouve, à un moment ou à un autre, confronté à des réactions irrationnelles. L'attitude habituelle est de chercher à convaincre son interlocuteur qu'il fait fausse route mais, la plupart du temps, cela se révèle inopérant.

La décision de Poutine d'envahir l'Ukraine a surpris beaucoup d'observateurs. Au premier rang, ceux qui connaissent le personnage et qui, comme François Fillon, reconnaissent leur défaut d'appréciation. « Je reconnais m'être trompé sur l'issue des tensions qui ont précédé l'attaque en Ukraine (…) J'ai cru jusqu'à la dernière minute que la raison l'emporterait », a-t-il confié au « Journal du dimanche » du 27 février dernier.

Nul doute que dans les heures qu'il a passé à négocier, Emmanuel Macron a cherché à ramener son homologue russe à une approche rationnelle, sans résultat. Le personnage rumine ce qu'il perçoit comme une humiliation et tourne en boucle.

Charge émotionnelle

Chacun d'entre nous se trouve à un moment ou à un autre confronté à des réactions irrationnelles. L'attitude habituelle est de chercher à convaincre son interlocuteur qu'il fait fausse route.

Sûr de notre logique, on lui montre ses défauts de raisonnement et on lui donne volontiers des conseils sur ce qu'il devrait faire dans son intérêt propre. La plupart du temps cela se révèle inopérant.

L'interlocuteur se montre sourd aux arguments. Cette irrationalité est nourrie par la charge émotionnelle. Bien souvent l'intéressé n'identifie pas lui-même à quel point il est sous le poids de ses propres émotions. Il se construit un raisonnement pseudo-logique qui ne convainc que lui ; ce qui n'entame en rien ses convictions.

Face à ce type de fonctionnement, il est inutile de chercher à convaincre, bien souvent cela a même l'effet inverse. Il est plus efficace de questionner.

Le questionnement pour décentrer

En poussant ses questions, on conduit son interlocuteur à prendre du recul sur ce qu'il ressent et ce qui a déclenché ses ressentis. Dans le meilleur des cas, il peut alors examiner comment ses émotions le conduisent à avoir des raisonnements erronés, voire dangereux pour lui-même.

De même, le questionnement peut l'aider à se décentrer et à mettre en perspective les intentions de ceux qui ont été à l'origine des émotions. Parfois, il faut reconnaître que cela ne marche pas. L'intéressé refusant de répondre aux questions qu'on lui pose par méfiance. Mais l'échange qui vise à le faire parler, permet toujours de mieux comprendre son fonctionnement et d'ouvrir des pistes sur la bonne façon de le prendre.

L'irrationalité des acteurs est toujours une situation à risque. Il faut savoir l'identifier et y faire face. Dans le cas de Poutine, si c'est une perception d'humiliation qui est à son origine, tout l'enjeu des Occidentaux sera de lui permettre de sortir de cette crise autrement que par une nouvelle humiliation, au risque de le pousser à déclencher une escalade très dangereuse.