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Pour ne pas rester isolé, un dirigeant doit s'astreindre à descendre sur le terrain - Eric Albert - lesechos.fr

Il est indispensable de faire quelques plongées dans les profondeurs de l'entreprise pour se rendre compte de ce qu'il s'y passe et bien s'imprégner de la façon dont se déroulent les choses.

L'une des caractéristiques des dirigeants est qu'ils sont souvent plus rapides à comprendre les caractéristiques des situations complexes. Comme ils ont, par ailleurs, un agenda très plein, ils sont volontiers persuadés qu'ils savent comment les choses se passent pour leurs collaborateurs.

Après tout, ils disposent de différents baromètres et la remontée d'informations par la ligne managériale est bien organisée. Pourtant, chaque fois qu'un dirigeant va sur le terrain, il revient avec le sentiment de s'être enrichi.

Il y a différentes façons de le faire. La plus classique est la visite de site, à la façon des politiques. Tout est organisé pour que le dirigeant voie ce qu'on veut lui montrer. Sa présence est plus symbolique qu'autre chose. Il montre qu'il se déplace et qu'il s'intéresse.

Il y a aussi le voyage dans un pays. Différentes réunions, où les présentations s'enchaînent, sont mises en place. L'objectif est de montrer au chef combien le pays travaille bien et s'il en a le temps, il fait un passage dans un site et presque toujours une intervention devant un large panel de collaborateurs qui, ainsi, auront vu le chef.

Compréhension réelle superficielle

De ces déplacements, le dirigeant capte des informations, se fait une opinion à travers un ensemble de signaux plus ou moins faibles. Mais sa compréhension réelle reste superficielle. Le piège pourrait être qu'il surestime sa compréhension de la situation alors qu'il est resté à la surface.

Enfin, une autre façon de se rendre compte par soi-même est d'aller passer du temps sur le terrain pour se mettre au plus près de la réalisation des tâches et comprendre la vie de ceux qui sont en contact avec le client ou qui produisent.

En vivant ainsi les choses, le dirigeant réalise que ce qu'il croyait avoir compris était partiellement inexact. Le terrain impacte sa finesse d'analyse, qui le conduit à revoir ses convictions antérieures. Il ressort de cette expérience avec un sentiment de révélation.

Est-ce à dire que le dirigeant doit passer sa vie sur le terrain ? Bien sûr que non. Mais combien de grands patrons de banques passent du temps en agence alors qu'ils pensent, à tort, savoir ce qu'il s'y passe ?

Il est indispensable de faire une ou deux plongées par an dans les profondeurs de l'entreprise pour s'imprégner de la façon dont se déroulent les choses. Pas seulement en visite, mais aussi en partage d'expérience.

La grande distance et l'isolement guettent tous les dirigeants. Une façon de les atténuer est d'aller se rendre compte par soi-même.