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À l'entreprise de sélectionner ses combats RSE ! - Eric Albert - lesechos.fr

Il est impossible d'inclure dans la culture d'entreprise tous les sujets sociaux et environnementaux qui émergent. Il est même essentiel de les limiter et de prioriser ce qu'on demande aux acteurs.

Les contraintes qui pèsent sur les entreprises se multiplient. Cela se manifeste par la nécessité de répondre à toutes les exigences qui font consensus sur un plan sociétal. Diversité, CO2qualité de vie au travail, contraintes sanitaires, conformité, impact positif, handicap… Chacun de ces sujets est important. Et il est légitime de demander aux entreprises de les prendre en compte. C'est une reconnaissance de son impact sociétal. Mais la plupart n'étaient pas présents dans les décennies précédentes et on peut avoir l'impression que la liste s'allonge de mois en mois.

L'entreprise n'a pas le choix. Si elle ne prouve pas qu'elle met en place des actions sur ces dimensions, elle se voit exposée à des contrôles des autorités ou à une campagne d'attaques par ceux qui ont épousé l'une de ces causes. Donc elle se conforme avec plus ou moins d'énergie à chacun des thèmes qui émergent pour éviter de se mettre en risque. Du coup, elle est soupçonnée de mettre en place des actions alibi sans réellement chercher à faire avancer le sujet. Ce qui est parfois vrai. Certains départements RSE sont plus là pour montrer que des actions sont mises en place que pour réellement faire avancer l'enjeu environnemental. C'est le fameux « washing » tellement décrié et largement décliné : green, social, women, IA, feminism-washing...

Objet d'une coresponsabilité

Lorsque l'un de ces sujets est considéré comme une priorité par les dirigeants, il est inséré dans la culture de l'entreprise. Pour savoir si c'est le cas, le plus simple est d'interroger les managers. S'il entre dans leurs préoccupations, il est probable que l'entreprise le prend au sérieux. Tant que le sujet est cantonné à quelques-uns au sein d'un service dédié, c'est un centre de coût optimisé pour communiquer. La différence se fait lorsqu'il devient l'objet d'une coresponsabilité de tous les acteurs. Chacun le porte, l'inclut dans sa façon de faire son travail. Comme c'est important, il sait que ce sera l'un des éléments de l'évaluation de sa performance. La culture d'entreprise reflète ce qu'elle considère comme essentiel.

Pour autant, il est impossible d'inclure dans la culture tous les sujets qui émergent. Il est même essentiel de limiter et de prioriser ce qu'on demande aux acteurs. Donc l'entreprise doit choisir les sujets à impact qu'elle décide de mettre au coeur de l'action de chacun. Cela ne veut pas dire qu'elle ne fait rien pour les autres, mais étant jugés comme moins stratégiques, elle se limitera à « se mettre en règle ». L'hypocrisie consiste à faire comme si elle pouvait s'impliquer dans tous avec la même énergie.