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Leadership : recruter un dirigeant sur son potentiel - Eric Albert - lesechos.fr

Capacité à adopter un comportement, mais aussi, dans d'autres circonstances, le comportement opposé ; capacité à changer... Les critères d'évaluation d'un dirigeant évoluent sensiblement.

Sur quels critères recruter un dirigeant, que ce soit en interne ou en externe ? Naturellement, sur son expérience et sa performance passée. On le questionne en détail sur sa façon de gérer différents types de situations. Ce qui donne une idée sur sa manière de faire face aux crises, son mode de management, sa capacité de leadership ou de collaboration avec ses pairs. C'est évidemment très utile, car chacun d'entre nous avons tendance à reproduire notre propre mode de fonctionnement. Il est donc très probable que, dans le futur, nous suivions la pente de nos pratiques et habitudes lorsque nous serons confrontés aux différentes situations professionnelles que nous rencontrerons. Est-ce à dire, pour autant, que cela suffit à prédire les capacités futures d'un dirigeant ?

Capacités futures

Espérons que non. Car si nos pratiques passées devaient prédire entièrement celles du futur, c'est que nous y serions enfermés sans capacité à en sortir ou à les dépasser. Il s'agit donc de chercher à évaluer une autre dimension, celle qui relève du potentiel. C'est sur ce sujet que l'on se trompe souvent dans le recrutement des dirigeants. Car on se fie surtout à son intuition, elle-même très influencée par ses propres émotions. Pour peu que le candidat soit sympathique et que l'on imagine avoir du plaisir à travailler avec lui, on le trouvera volontiers plein de potentiel.

Diversité comportementale

Sur quoi évaluer le potentiel ? La première dimension pourrait être la diversité comportementale. Ou plus, exactement, la capacité à adopter un comportement, mais aussi, dans d'autres circonstances, le comportement opposé. Celui qui est naturellement dans la conviction est-il capable d'écouter et de changer d'avis ? L'enjeu ici est de tester la limite de chaque point fort et la souplesse de l'acteur. Dans le même esprit, il est utile d'apprécier la capacité à changer. Comment le dirigeant a organisé sa propre remise en cause ? En quoi sort-il régulièrement de sa zone de confort ? Enfin, il paraît utile de rester vigilant sur la taille de l'ego. Plus le dirigeant sera en position de pouvoir, plus son ego risque de gonfler au point de le submerger. Le goût pour le pouvoir et les attributs qui lui sont attachés sont à traquer, car ils sont autant de signaux d'alerte. A l'opposé, le sens de l'intérêt général, la capacité à s'effacer pour mettre en valeur les autres, une générosité de sa personne, le goût pour les réalisations collectives et un vrai sens de l'exemplarité sont positifs.

Lorsqu'on recrute, il faut se méfier de soi, car c'est un jeu de séduction et de projections.