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Et si vous invitiez vos salariés à contribuer au changement - Eric Albert - lesechos.fr

Écoute attentive et pose d'un diagnostic commun permettent de déplacer le débat. Il ne s'agit alors plus de savoir qui a raison mais ce qui marche.

Chacun s'accorde à considérer que le second quinquennat d'Emmanuel Macron s'annonce difficile. Il a certes recueilli une majorité large de votants, le 24 avril dernier, mais a-t-il pour autant une majorité de Français qui adhèrent ?

La réponse est dans la question. D'ailleurs, adhérer à quoi ? Car si le président réélu a déclaré vouloir changer de méthode, le flou reste entier sur celle qu'il va mettre en place.

Constat commun

Nous pourrions lui suggérer de s'inspirer du milieu de l'entreprise. Lorsqu'une population au travail est désengagée, voire désabusée, le management commence par l'écouter. Attention l'écouter vraiment, pas se contenter d'aller à son contact pour que, dès qu'elle s'exprime, lui expliquer qu'elle a tort et chercher à la convaincre. Lui montrer qu'elle est entendue est un pas important pour atténuer l'émotion.

Il faut ensuite se mettre d'accord sur un constat commun et le bénéfice qu'il y aurait à le changer, en montrant comment chacun pourra en tirer profit. C'est nécessaire pour donner envie aux acteurs de reprendre l'initiative.

Pour qu'ils puissent contribuer au changement, avec leurs idées, il est indispensable de leur donner de la marge de manoeuvre. Ce qui suppose un vent de liberté et d'audace pour favoriser une multiplication d'initiatives, au nombre desquelles beaucoup de tentatives à monitorer et à évaluer.

Déplacer le débat

Attention toutefois, chacun doit savoir et bien comprendre, avant même que ses initiatives ne soient lancées, que beaucoup seront arrêtées. Car, après les tests et les mesures de leur impact en vue de progrès commun, toutes ne démontreront pas leur efficacité. Ainsi, l'évaluation précise permet de déplacer le débat : la question n'est plus de savoir qui a raison mais ce qui marche.

Rien n'est pire que de se retrouver en position d'attendre que les impulsions viennent du haut. Car cette position induit systématiquement de la critique. Or partout où de grands changements sont à faire – de l'école à l'hôpital, en passant par la fonction publique –, l'engagement des acteurs est déterminant.

Un engagement qui s'appuiera sur une multitude d'essais, impulsés par le terrain. La grande réforme venue d'en haut, dont la vocation est d'être appliquée de la même façon partout, n'est plus à l'ordre du jour. Elle induit systématiquement une résistance plus ou moins virulente. Comme si faute de pouvoir être acteur dans le changement, on le devenait en s'y opposant.

De plus en plus, le rôle d'un dirigeant est de créer les conditions du changement plutôt que de décider de son Olympe.