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Entretenez-vous votre souplesse ? - Eric Albert - lesechos.fr

Nos rigidités ou nos positions de principe sont autant d'alertes pour chacun d'entre nous. Elles nous orientent vers nos zones de fragilités.

Blocages, ruptures, interruption des échanges. Le spectacle du monde donne l'impression que partout où il devrait y avoir échanges et négociations, il n'y a que fermeture. Comme si les protagonistes préféraient ne pas se rencontrer, ne pas avancer ensemble. Chacun campe sur ses positions plutôt que de progresser en faisant des concessions.

Dans bien des cas, il s'agit d'une posture personnelle qui permet d'apparaître comme intransigeant, donc « pur ». En restant sur sa ligne, on montre que l'on ne lâche rien. Et tant pis, si l'on n'aboutit à rien.

L'exemple du « shut down » américain en est une illustration à 11 milliards. Cette posture de fermeté semble populaire ; c'est probablement la raison pour laquelle beaucoup d'acteurs qui visent l'adhésion sur leur personne, l'adoptent.

La popularité n'est heureusement pas la préoccupation principale de la plupart des dirigeants d'entreprise. Ce qui ne les dispense pas d'avoir, chacun à leur façon, leurs zones de rigidité : l'un refuse catégoriquement une rencontre avec les syndicats, l'autre se montre totalement fermé à une alliance, un troisième ne supporte pas d'être contredit en public, etc.

 

Des peurs sous-jacentes

En dehors de certaines personnalités qui peuvent se montrer raides pour tout, ces rigidités sont, pour la plupart des individus, limitées à quelques champs particuliers. Mais dès qu'on leur parle de sujets en lien avec cette inflexibilité, les intéressés se bloquent. Impossible de soulever la question et encore moins d'argumenter.

C'est bien dommage. Car, la plupart du temps, ces résistances sont liées à des peurs, des craintes sous-jacentes que l'intéressé ne se formule pas à lui-même. Or, justement pour lever ses peurs, il faut les explorer, en parler, mesurer jusqu'où elles sont justifiées.

En cela, nos rigidités ou nos positions de principe sont autant d'alertes pour chacun d'entre nous. Elles nous orientent vers nos zones de fragilités. Et nous révèlent nos limites. Car la rigidité est rarement synonyme d'efficacité. En nous bloquant, nous nous enfermons dans des postures, sans nous donner la possibilité d'explorer le champ des possibles. On ne remet pas en cause ce qui pouvait se justifier dans un contexte passé et qui n'est peut-être plus pertinent. Être attentif à ses rigidités offre une bonne piste pour prendre du recul sur soi et pour entraîner sa souplesse. Celle-ci a besoin d'être entretenue, surtout lorsqu'on avance en âge.