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Emotions positives - Eric Albert - Les Echos

Le souffle touche beaucoup d'entrepreneurs, et par ricochet leurs entreprises. Jamais ils n'ont été aussi optimistes. La rentrée des réformes s'adresse en grande partie à eux, tant à travers la loi travail que par les annonces fiscales. Ne gâchons pas notre plaisir, après des années de pessimisme ronchon, un élan positif fait beaucoup de bien à tous les acteurs. L'enjeu maintenant est de le cultiver pour qu'il ne soit plus seulement dépendant des circonstances et des choix politiques mais le résultat d'une conviction et d'une pratique.

Pour se forger une conviction, il suffit de regarder les études scientifiques publiées sur la psychologie positive pour se convaincre de ses bienfaits tant sur la productivité que sur la créativité ou la résistance au stress. Sans parler des effets directs sur la santé. Ceux qui « n'y croient pas » sont dans la même posture que ceux qui ne croient pas au réchauffement climatique : le déni. Reste donc à pratiquer. Attention, la psychologie positive n'est pas la pensée positive. Elle vise à promouvoir des attitudes qui provoquent des émotions positives. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus d'émotions négatives mais que les acteurs adoptent des comportements qui favorisent celles qui sont positives. Cela commence par soi en cultivant l'autosatisfaction. Savourer ses petits succès quotidiens, valoriser ses contributions, apprécier les bons moments, bref renforcer son estime de soi en capitalisant sur les événements quotidiens. Une autre piste très utile pour développer des émotions positives au travail concerne le jeu relationnel. L'interaction avec les autres est une source intarissable d'émotions. Pour qu'elles soient le plus positive possible, cela suppose de se mettre dans un état d'esprit d'ouverture et de bienveillance vis-à-vis des autres. Chercher à les comprendre, mais aussi les observer à travers ce qu'ils font bien est au coeur de la démarche. Certes, ils ont beaucoup de marge d'amélioration qui saute aux yeux, mais on fait le choix de se concentrer sur leurs talents. Autrement dit, plutôt que de ruminer sa frustration sur ce qui est mal fait, on enclenche sa capacité à admirer. Et, bien sûr, on communique à l'intéressé sous forme de compliment ce qui nourrit son admiration. Sachant que le compliment produit des émotions positives à celui qui le fait comme à celui qui le reçoit, cela reste un mystère qu'on ne le pratique pas plus.

Et après ?

Se mettre dans une dynamique positive est pour le dirigeant une nécessité et un devoir. Une nécessité, car c'est une hygiène de vie au même titre que la pratique du sport ou la qualité du sommeil. Autrement dit, c'est un ingrédient qui améliore les capacités (ressources dont le dirigeant a en permanence besoin). Un devoir car en impulsant un style qui favorise les émotions positives, il induit les comportements recherchés : autonomie et responsabilité, collaboration, créativité. Alors que les émotions négatives induisent discipline, exécution, repli sur soi et refus de prendre des risques. Les capacités émotionnelles d'un dirigeant sont au coeur de sa performance.