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Diriger : intransigeance sur les valeurs, souplesse pour le reste - Eric Albert - lesechos.fr

Les dirigeants doivent régulièrement accepter de remettre en cause leurs convictions. La plupart du temps cette remise en cause est trop tardive, en situation de crise, alors qu'il est évident que l'environnement a tellement évolué qu'il faut se poser les questions autrement.

Dans la salle, une dizaine de dirigeants se prête volontiers à un jeu qui consiste à trouver des critères de hiérarchisation. Puis ils sont confrontés à d'autres dirigeants qui ont mené la même réflexion mais sont arrivés à des conclusions différentes. Autant la première étape était un temps d'échange et d'écoute, autant la seconde a très vite tourné à la confrontation. 

Colonne vertébrale

Chacun s'étant fait une conviction, l'enjeu était alors de l'imposer aux autres. Un dirigeant a besoin de convictions, qui lui permettent de ne pas être une girouette qui se laisse guider au gré des vents.  Toute la question est de savoir jusqu'où ces convictions enferment . Combien de fois avons-nous vu des dirigeants balayer d'un revers de main des propositions en ayant des idées arrêtées sur le sujet ? 

Bien souvent, il ne s'agit pas d'a priori construits à la va-vite mais bien de partis pris réfléchis et nourris par des expériences. Et c'est bien ce que l'on attend du dirigeant : qu'il s'appuie sur des principes forts, autrement dit qu'il ait une colonne vertébrale. Mais si une colonne vertébrale doit être solide et permettre de se tenir droit, elle doit aussi être souple pour favoriser l'agilité. 

Mécanisme psychologique

La seule façon d'entretenir cette souplesse est d'accepter de régulièrement remettre en cause ses convictions. La plupart du temps cette remise en cause est trop tardive, en situation de crise, alors qu'il est évident que l'environnement a tellement évolué qu'il faut se poser les questions autrement. Peut-on continuer de penser ainsi ? L'omniprésence de cette interrogation est d'autant plus indispensable que la caractéristique de nos convictions est qu'on y adhère sans même s'en rendre compte. Elles s'imposent à nous comme des évidences. Et c'est donc sans recul que nous les affirmons. 

Ce mécanisme psychologique nous conduit à nous raidir dans des opinions arrêtées.  Dans notre monde mouvant, être arrêté peut vite nous mettre en porte-à-faux . Jamais la nécessité de se remettre en cause n'a été à ce point nécessaire. Pour autant, tout ne doit pas évoluer. Il est un domaine où les convictions peuvent (doivent ?) demeurer les mêmes tout au long de la vie. C'est celui des valeurs. Plus tout change, plus les valeurs doivent demeurer une boussole pour les comportements. C'est sur les convictions ayant trait à l'efficacité qu'il est indispensable de s'interroger. Ainsi le dirigeant doit-il se montrer intransigeant sur les valeurs et souple sur son modèle d'efficacité.