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De la collaboration à l'intelligence collective - Eric Albert - lesechos.fr

Pour les uns, le travail ensemble permet de faire fonctionner l'existant sans trop de heurts. Pour les autres, il devrait être une source de réelle innovation. C'est la différence entre collaboration et intelligence collective.

Il y a un malentendu sur le terme de collaboration ou de coopération. Chacun considère sincèrement qu'il les pratique et y passe même une grande partie de son temps. En mettant en avant le temps passé en réunion et les très nombreux sujets à traiter avec les collègues.

À l'inverse, les dirigeants, dans presque tous les grands groupes, constatent que le travail collectif est loin de donner les résultats qu'ils attendent.

Une gestion des interfaces plutôt

Ils trouvent que chacun fonctionne trop dans une logique de silo et que le travail en commun consomme beaucoup de temps sans rien apporter de nouveau. En vérité, ce que les équipes qualifient de collaboration est en fait principalement une gestion des interfaces.

Les réunions servent à s'ajuster, compte tenu des interfaces existantes, à trouver des compromis qui conviennent au plus grand nombre. C'est, certes, utile, mais c'est très éloigné de ce qui est attendu du sommet de l'entreprise : une capacité des acteurs à élaborer ensemble pour être vraiment créatif.

Autrement dit, pour les uns, le travail ensemble permet de faire fonctionner l'existant sans trop de heurts ; pour les autres, il devrait être une source de réelle innovation. C'est la différence entre collaboration et intelligence collective.

Maintien ou remise en cause du système en place

La première permet de gérer les désaccords en permettant à chacun de rester dans sa zone de confort. La seconde suppose de se mettre dans une perspective d'élaboration de nature à perturber les fonctionnements existants, et donc les territoires et les habitudes.

Dans la collaboration, le désaccord est la dimension qu'il faut chercher à atténuer alors que dans la démarche créative, la variété des points de vue est nécessaire. Pour les uns, la finalité est le maintien du système en place ; pour les autres, c'est sa remise en cause.

Il suffirait donc que les dirigeants clarifient ce qu'ils attendent du jeu collectif. C'est évidemment souhaitable mais pas si simple. Car eux-mêmes sont ambivalents. D'un côté, ils mettent la pression pour que l'existant fonctionne comme une horloge suisse ; de l'autre, ils rappellent la nécessité de l'innovation.