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Covid : pourquoi certains salariés apprécient le reconfinement - Eric Albert - lesechos.fr

Le confinement et le plaisir que certains y trouvent sont révélateurs d'une crise de la relation au travail, qui doit être abordée de front par les entreprises.

Le sentiment de bien-être a globalement augmenté durant le confinement nécessité par la crise du Covid. C'est le centre de données socio-politiques de l'IEP qui le constate à travers son sondage régulier d'un panel de la population française. À l'heure d'un reconfinement, dès ce 30 octobre, cette information laisse songeur. Certes, les résultats sont très différenciés et, pour une minorité, cette période a été particulièrement éprouvante. Reste que, pour la majorité, confinement rime avec contentement.

Malaise de fond

Ce goût pour une forme de protection et de repli sur soi interroge à double niveau. Sur le fonctionnement et le mode de management de l'entreprise, d'une part, et au plan individuel, d'autre part. Qui a trouvé plus de bien-être dans le confinement exprime l'insatisfaction de sa vie antérieure. Le confinement est une sorte de retraite anticipée (et limitée) qui protège, au moins partiellement, les individus d'avoir à se confronter aux exigences de la vie professionnelle. C'est donc que pour la plupart des acteurs, la balance entre les bénéfices et les effets négatifs penche du mauvais côté. Tout ce qu'apporte la vie professionnelle – indépendamment du salaire – en termes d'apprentissage, d'ouverture, de sociabilité, de sens, de créativité, de progression personnelle, etc. ne pèserait pas autant que les contraintes qui y sont liées. Que chacun ait besoin de moments de récupération et de changement de rythme, bien sûr, c'est la fonction des vacances et des week-ends. Mais ce sondage exprime un malaise de fond.

Équilibre entre contraintes et engagement

Il y a un double mouvement à mettre en oeuvre. D'abord, bien sûr, de la part des entreprises et de leur management. Ce sondage montre que la plupart des acteurs vivent leur travail sur le mode de la contrainte et le subissent comme un mal nécessaire. Ce n'est pas seulement une question de bien-être au travail, mais de relation globale qui comprend le sentiment de contribuer à un projet, l'envie de prendre des responsabilités, le besoin de se dépasser. Cette crise de la relation au travail doit être abordée de front par chacune des entreprises. Elles doivent cesser de se rassurer par des enquêtes internes qui semblent les dispenser d'une véritable exigence pour rétablir un meilleur équilibre entre contraintes et engagement.

L'autre mouvement est à la fois sociétal et individuel. Notre société a un rapport au travail qui cultive une vision victimaire du salarié et l'encourage à investir sa vie dans tout le reste (notamment depuis la réduction du temps de travail). Au plan individuel, à chacun aussi d'accepter que le travail est un effort et une fatigue. Que c'est parce qu'on s'y adonne qu'on y trouve de la satisfaction et de l'épanouissement.

Réconcilier les acteurs avec le travail devrait être un des grands chantiers post-Covid.