expand

Covid : de l'art de gérer des contraintes contradictoires - Eric Albert - lesechos.fr

Les dirigeants doivent être très explicites sur les priorités communes qui doivent être mises en oeuvre sans faille. À chacun, ensuite, d'appliquer le cadre avec intelligence et bon sens, en fonction de son contexte.

Il semble que l'adhésion au premier confinement ait été supérieure à celle de celui que nous vivons aujourd'hui. Outre l'évident effet de lassitude, que tout le monde ressent dans cette crise à tiroirs, c'est aussi probablement en lien avec le discours plus nuancé que la première fois. On est passé du tout pour la santé (« quoiqu'il en coûte ») à il faut préserver la santé mais aussi l'économie. Donc protégez-vous et contribuez à protéger ceux que vous côtoyez, mais aussi continuez à travailler et à faire tourner l'économie. Ce qui était simple, la première fois, devient complexe et peut être perçu comme peu clair. D'autant, qu'en se promenant, on croise presque autant de personnes qu'avant le confinement.

Nommer la contradiction

Gérer des contraintes contradictoires est le lot permanent de tout dirigeant. Combiner le long terme avec le court terme, investir et faire des économies, faire plus avec moins... Tout son enjeu est d'y faire adhérer ses équipes. Pour cela, il faut commencer par nommer la contradiction et en expliquer les termes. Chacun doit pouvoir l'identifier comme telle. Ensuite, il est indispensable de prioriser pour que tous soient au clairs sur ce qui se passe. Dans les entreprises industrielles, par exemple, personne n'a de doute sur le fait que la sécurité passe avant toute autre considération. Même s'il n'est pas toujours simple de la combiner avec les contraintes économiques, chacun sait qu'on ne fait pas de concessions à l'exigence de sécurité. D'ailleurs, c'est formalisé à travers les modalités d'évaluation des managers, preuve que la sécurité tient une place importante.

Cadre commun à poser

Lorsqu'on s'adresse à une large population avec laquelle on n'a pas de contact direct, utiliser le désormais célèbre « et en même temps », revient à dire aux acteurs « faîtes comme vous voulez ». Que chacun puisse être responsable et faire jouer son libre arbitre est une bonne chose, à condition que le cadre commun ait été posé. Autrement dit, les dirigeants doivent être très explicites sur les priorités communes qui doivent être mises en oeuvre sans faille. À chacun, ensuite, d'appliquer le cadre avec intelligence et bon sens, en fonction de son contexte.

La complexité et la fragmentation du monde dans lequel nous vivons nécessitent d'être plus que jamais vigilant quant à l'alignement de tous vers des objectifs communs. Multiplier les objectifs et les priorités éparpille. Aux dirigeants de simplifier, de clarifier et de prioriser pour favoriser cet alignement indispensable.