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Coronavirus : de la nécessité de partager les risques

En période d'incertitude, on ne fait que gérer le risque, sans données objectives pour décider. La raison est suffisante pour qu'au sein des entreprises les acteurs prennent eux-mêmes les décisions sur le sujet.

Le coronavirus nous plonge dans l'incertitude. Le virus est nouveau, et notre connaissance sur le sujet est, pour le moins, lacunaire. Au fur et à mesure de sa diffusion, nous en découvrons les particularités, mais rien qui soit suffisamment précis pour assouvir notre besoin de savoir. Une telle exigence est parfaitement légitime. Un phénomène apparaît, nous impacte ; il nous faut le comprendre.

Ce besoin est le reflet de notre niveau d'anxiété : comprendre est la première étape du contrôle que l'on cherche à avoir sur la situation – et qui permettrait de nous apaiser. Les chaînes d'information en continu répètent sans fin les mêmes données sur le sujet, ne fournissant que peu des explications sur ce que nous aimerions savoir. Nous restons donc dans l'incertitude, en clair dans un contexte en grande partie non maîtrisable. Mais, plus on cherche à maîtriser ce qui ne l'est pas, plus on accentue son anxiété. Dès lors, la tendance est de se tourner vers des instances protectrices, au premier rang desquelles l'Etat et l'entreprise.

Se concentrer sur ce que l'on contrôle

La réaction logique de cette dernière peut être de vouloir rassurer. Si les collaborateurs sont inquiets, ne faut-il pas les apaiser ? Par des mesures de sécurité, par de nouvelles procédures, et enfin par un discours néopaternaliste de type « Nous veillons sur vous ». En pratique, les postures rassurantes trouvent vite leurs limites. Un salarié a été en contact avec une personne qui a séjourné en Italie… Faut-il lui demander de s'isoler ? Il a passé une journée au bureau après un contact… Faut-il isoler toutes les personnes qu'il a croisées ? Sans réponse scientifique, il n'y a qu'une évaluation subjective du risque.

En période d'incertitude, on ne fait que gérer le risque, en manquant de données objectives pour décider. La raison est suffisante pour que les acteurs prennent eux-mêmes les décisions en discutant du sujet avec les personnes impliquées. Voilà typiquement un cas de figure où les dirigeants doivent laisser la main, surtout s'ils sont éloignés du terrain. Plus l'incertitude est grande, plus la règle est de se concentrer sur ce que l'on contrôle plutôt que de chercher à contrôler l'incontrôlable. L'enjeu devient alors de partager les risques, et d'en débattre, plutôt que de faire porter sur certains la capacité à s'en prémunir.