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Comment s'améliorer - Eric Albert - lesechos.fr

Pour progresser, il est important de connaître ses penchants naturels et de veiller à ce qu'ils ne deviennent pas des réflexes.

Il était une fois un manager plein de bonne volonté. Sérieux, consciencieux, travailleur. Il avait gravi les échelons hiérarchiques et occupait un poste à haut niveau de responsabilités. Tout au long de sa carrière, il avait reçu des retours ou feedbacks de sa hiérarchie qui notait les défauts de ses qualités. Actif, avec un goût pour mettre la main à la pâte, il avait aussi tendance à entrer dans le détail de ce que faisaient ses collaborateurs. Cela le rendait volontiers interventionniste et il corrigeait souvent ce qui ne le satisfaisait pas parfaitement.

Bref, sa tendance à « micro-manager » a été pointée. Récemment, il a bénéficié d'une évaluation à 360° qui a montré que ses collaborateurs directs en souffraient et attendaient d'être davantage mis en responsabilités.

Notre manager, convaincu qu'il faut s'améliorer, décide de prendre le sujet à bras-le-corps. Il veut montrer à son entourage qu'il va changer son comportement. Comme il vaut mieux commencer par ce qui est facile, il décide de ne plus intervenir dans tous les secteurs qui vont bien pour se concentrer sur ceux qui sont plus fragilisés.

Changement progressif

 

Cela ne se passe pas sans difficulté. Régulièrement lors des revues de business, il doit se restreindre alors que de nombreuses questions lui viennent. Parfois, peu convaincu par ce qu'on lui présente, il essaie de se raisonner et se répète qu'il faut qu'il fasse confiance. Il se méfie de son tempérament inquiet et s'astreint à ne pas être trop intrusif. Jusqu'au moment où il apparaît que, justement, l'une des entités qui avait de bons résultats jusqu'à présent, s'est en fait reposée sur ses lauriers. Elle a pris du retard dans les réorganisations nécessaires. D'un côté, il est persuadé que s'il avait micro-managé, il aurait décelé et corrigé le problème bien en amont ; d'autant qu'il avait l'intuition de ce dérapage. De l'autre, il sait aussi qu'il est indispensable de faire confiance pour faire progresser ses équipes.

Cette histoire montre toute la difficulté que chacun d'entre nous rencontre pour s'améliorer. Souvent nous partons de pratiques qui, si elles nous limitent, nous permettent aussi d'être performant. Ce sont elles qui nous ont permis de réussir jusqu'au moment où l'on décide de changer.

C'est pourquoi le changement doit se faire de façon progressive par petites étapes. Il ne doit pas être mécanique et toujours laisser une place à l'intuition. Aucun comportement n'a vocation à être appliqué de façon systématique. Il est important de connaître ses penchants naturels et de veiller à ce qu'ils ne deviennent pas des réflexes. Ce n'est pas pour autant qu'il faut s'en débarrasser complètement car si on les a adoptés, c'est aussi qu'ils sont efficaces.