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A chacun ses « Yaka » - Eric Albert - Les Echos / lesechos.fr

Les dirigeants, responsables par définition, doivent avoir une vigilance particulière à ne pas renoncer face à la complexité. C’est la période des vœux . Chacun fait plus ou moins appel à des formules générales et floues certes pleines de bonnes intentions mais sans grande conviction.

Ce flou est bien commode lorsqu'il s'agit de résoudre des problèmes complexes. Il permet de s'illusionner dans la possibilité de solutions sans avoir à s'y confronter vraiment. Ainsi, entend-on à longueur de journée sur les chaînes d'information toutes sortes d'acteurs qui nous expliquent comment sortir de la crise, en baissant les impôts et en redistribuant plus, tout en intégrant la question écologique, dans une démarche de démocratie participative moderne. C'est évidemment très agaçant

Les « yaka » des autres sont vite associés à l'irresponsabilité. C'est pourquoi les dirigeants, responsables par définition, doivent avoir une vigilance particulière à ne pas pratiquer eux-mêmes le « yaka ».

Implication et persévérance

C'est souvent sur les sujets dits « softs », les comportements, les mentalités, le jeu relationnel entre les acteurs qu'ils pourraient eux aussi s'illusionner facilement. Illusion banale de croire que parce que l'on a dit quelque chose (voire qu'on l'a écrite), elle va se réaliser. Ainsi, les dirigeants présentent volontiers les valeurs de l'entreprise, ou les codes comportementaux à l'élaboration desquels ils ont souvent contribué, comme s'ils étaient mis en œuvre dans l'ensemble de l'entreprise. Or, pour que ce soit le cas, cela nécessite une implication et une persévérance sans faille. Il faut aussi du temps et de la méthode pour faire s'approprier, par la plupart des acteurs, de nouveaux comportements. Bref, beaucoup d'efforts et un résultat incertain.

 

Le « yaka » est une paresse de l'esprit et de la mise en oeuvre. C'est une forme de renoncement face à la complexité, qui permet de se réfugier dans l'illusion. Si l'on est honnête avec soi-même, chacun trouvera ses zones de « yaka ».

Première étape indispensable pour y remédier : celle de la lucidité. A chacun de les identifier.

Ensuite, la question est de prendre le temps de s'arrêter sur ce sujet complexe pour décider soit de renoncer, soit de mettre les moyens en temps et en énergie pour le faire avancer. Car n'oublions pas que l'exigence commence toujours par soi. Y'a plus qu'à s'y mettre !