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Travail : trouver l'équilibre entre ce qu'on donne de soi et ce qu'on attend de nous - Eric Albert - lesechos.fr

Ce qui n'est pas dit, c'est ce qui est attendu du collaborateur à qui on octroie une nouvelle souplesse. Explicitement rien, mais une bonne partie du contrat de travail est implicite et pas moins essentielle. Chacun d'entre nous en fait une évaluation intuitive.

Dans la relation que l'on entretient avec son entreprise, il y a ce qui est explicite et ce qui est implicite. Sont explicites, le contrat de travail, le règlement intérieur, les consignes de sécurité et les autres règles, le niveau de rémunération, les modalités d'évaluation. Arrêtons là la liste même si elle n'est pas achevée au risque de se lasser. Tout semble dit. Que peut-il y avoir d'autre ? En fait beaucoup.

Cela a trait au lien que l'on tisse avec son entreprise et aux personnes que l'on y rencontre. Il y a d'abord ce que chacun construit sur le plan relationnel et ce qu'il espère trouver en matière d'épanouissement, de sentiment de réalisation personnelle et d'être utile ou simplement de plaisir. En regard, il y a tout ce qui est apprécié chez un salarié, qui va de sa bonne humeur à ses prises d'initiatives, en passant par ses idées, l'aide qu'il peut apporter à ses pairs, son engagement, etc. Autrement dit, depuis toujours, une bonne partie de notre contrat de travail est implicite mais n'en est pas moins essentielle. Et chacun d'entre nous en fait une évaluation intuitive.

Individualisation de la relation

Quelle balance entre l'impression que l'on donne et celle que l'on reçoit ? Lorsqu'elle nous paraît déséquilibrée, il est souvent difficile d'en parler. Car comment invoquer des dimensions intangibles qui ne sont pas mesurées mais ressenties ? Un gros effort pour rester motivé, malgré des problèmes personnels, peut ne pas avoir été perçu par l'entourage ou paraître banal.

Faute d'en parler directement, le déséquilibre provoque de la frustration, qui donne lieu à des revendications détournées. Elles s'expriment souvent autour du thème de la reconnaissance en réduisant volontiers le sujet à celui de la rémunération. Ce qui induit fréquemment une incompréhension mutuelle, donc des tensions voire un désinvestissement.

Le sujet devient d'autant plus prégnant que la crise sanitaire a eu un effet d'individualisation de la relation à l'entreprise. Chacun pendant les périodes de confinement a adapté ses modalités de travail en fonction de ses contraintes personnelles et de ses préférences. Les uns en télétravail complet, les autres en ajustant leurs horaires ou en travaillant de leur résidence secondaire.

Ce qui semble acquis, c'est qu'il n'y a plus une seule modalité. Dorénavant, chacun pourra – avec son manager – trouver la solution qui lui convient le mieux, à l'intérieur d'un cadre donné. Ce qui n'est pas dit, c'est ce qui est attendu d'un collaborateur en échange de l'octroi d'une nouvelle souplesse. Explicitement rien. Mais, implicitement, les dirigeants attendent sûrement quelque chose. Cela pourrait provoquer un nouveau décalage et donc une source de malentendu.