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Un manager encore et toujours à gérer des contraintes contradictoires  - Eric Albert - lesechos.fr

Il se retrouve avec des équipes qui attendent beaucoup et qui vont vivre une nouvelle période pour le moins de sobriété, mais plus probablement d'austérité.

On est prévenu. Tous les médias économiques nous annoncent un risque de récession, qu'ils ont l'air de considérer comme quasi sûr. Pour les entreprises, on sait ce que cela signifie : réduction budgétaire, baisse des investissements, gel des recrutements, gains de productivité… Donc à nouveau des efforts avec moins de récompenses, alors que nombre d'entreprises sortent d'une période de très bons résultats et de pénurie de main-d'oeuvre.

En matière managériale, les choses se compliquent encore un peu plus. Les managers ont vu leurs équipes s'éparpiller avec le télétravail et ne voient plus qu'épisodiquement certains de leurs collaborateurs, pour ceux – et ils sont nombreux – qui ne font pas face à une pénurie de main-d'oeuvre.

Contraintes contradictoires

Au cours des dernières semaines, le sujet principal a été de recruter et de retenir les collaborateurs. Ces derniers s'attendent légitimement à une prime et des augmentations de salaire conséquentes. L'inflation vient ajouter une pression supplémentaire sur les rémunérations. Enfin, pour complexifier un peu plus l'équation, tout le monde s'accorde à constater, à travers ce qui est appelé « la grande démission », que, pour le moins, l'exigence et les attentes des salariés vis-à-vis de leur travail augmentent.

Le manager se trouve donc avec des équipes qui attendent beaucoup et qui vont vivre une nouvelle période pour le moins de sobriété, mais plus probablement d'austérité. Une fois de plus, il va se retrouver en première ligne à gérer des contraintes contradictoires.

Le risque étant que les dirigeants préoccupés des conséquences sur leur entreprise du contexte économique, se contentent de donner des directives de restrictions prudentes. À charge pour les managers de les faire appliquer. Les uns anticipent les difficultés à venir et prennent des positions prudentes, les autres considèrent logiquement que leur performance passée doit être récompensée.

Enjeu d'adaptabilité

Le premier enjeu des managers est de faire entendre leur voix auprès de leur hiérarchie pour qu'eux-mêmes considèrent que les choix qui sont faits sont équitables. Ils doivent faire valoir qu'il leur sera difficile de « vendre » à leurs équipes ce qui leur paraît injuste. Ils doivent aussi faire comprendre à leurs collaborateurs les risques et les enjeux de l'entreprise pour les mois à venir.

Les autres ressorts sont connus : favoriser la communauté d'appartenance, montrer l'utilité de ce qui est fait et donner de la marge de manoeuvre aux acteurs. L'enjeu d'adaptabilité collective rapide, dans un contexte de retournement de la situation, suppose d'abord la bonne foi des dirigeants, puis la grande proximité et liberté d'action pour les managers.