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Travail : incertitude, Covid et plaisir en berne alimentent une grosse fatigue - Eric Albert - lesechos.fr

Au cours de ces deux dernières années, les contraintes liées à la crise sanitaire ont déstructuré le rythme de travail avec des stop-and-go successifs. En ce début d'année 2022, les annonces de nouvelle(s) vague(s) épuisent et cassent les élans.

La lassitude et la fatigue semblent être devenues le lot de tous. La plainte est générale au sein de toutes les entreprises. Les explications ne manquent pas. Au cours de ces deux dernières années, les contraintes liées au Covid ont déstructuré le rythme de travail avec des stop-and-go successifs.

Les différentes vagues ont accru la charge de travail, mais pas toujours le chiffre d'affaires. Les périodes de reprise ont sursollicité les acteurs, et les annonces de nouvelle vague, cassé les élans. Ajoutons à cela que la période qui marque une fin d'année et le début d'une nouvelle, est une période habituelle d'épuisement de tous. Mais cette fois, c'est d'un autre niveau.

Impossibilité d'anticiper

Outre les explications souvent mises en avant, il en est deux autres qui ont un poids particulier dans le contexte actuel. La première concerne l'incertitude. Chaque individu gère son énergie en fonction d'un effort prévisible. Mais si plus rien n'est prévisible, il devient impossible d'équilibrer. Pis, les nouvelles rassurantes finissent par convaincre que l'on sort de ces périodes en accordéon et irrémédiablement la nouvelle vague de Covid, combinée au nouveau variant, surgit. Cette impossibilité d'anticiper amplifie le sentiment de fatigue, avec la perception qu'il n'existe plus de rythme « normal ». Chaque événement venant resolliciter un regain d'énergie.

L'autre facteur amplificateur de la fatigue est la baisse du plaisir. Le plaisir est un booster d'énergie, il gomme la lassitude et redonne du souffle. Or le travail à distance – face à l'envolée des cas de Covid-19, le gouvernement demande aux entreprises d'instaurer au moins 3 jours de télétravail par semaine pour leurs salariés – prive les acteurs de leur principale source de plaisir au bureau : les relations. Partager, rire, se détendre, échanger, élaborer ensemble, passer un moment de convivialité, être surpris, se sentir appartenir à un collectif, rien de tout cela dans le travail à distance. Pis, le mode hybride s'est généralisé avec certains acteurs à distance et d'autres sur place ; ce qui alourdit les échanges. Une journée en télétravail peut paraître plus confortable, car elle économise les transports, mais elle est bien moins riche en émotions positives.

Equilibre psychique

Gérer l'incertitude suppose d'apprendre à vivre dans le présent et à se préserver. On ne sait pas ce qui va arriver, mais on sait que cela demandera un effort d'adaptation. Donc il est indispensable de garder de la réserve. De même, gardons en tête que notre équilibre psychique suppose de trouver une certaine dose de plaisir dans ce que l'on fait. Les sources sont variées, mais la plus partagée est relationnelle.

La fatigue que nous ressentons est avant tout psychique et émotionnelle. A nous de nous organiser pour que, l'année qui débute, nous ne retombions ni dans le panneau du retour au monde d'avant ni dans celui du tout-distanciel.