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Télétravail : pourquoi Elon Musk a tort - Eric Albert - lesechos.fr

On ne saurait capter la contribution affective et émotionnelle des collaborateurs par décret autoritaire, comme le fait Elon Musk. Il faut, au contraire, leur donner envie, ce qui est plus compliqué. Mais là réside l'essentiel du management pour les années à venir.

On ne saurait capter la contribution affective et émotionnelle des collaborateurs par décret autoritaire, comme le fait Elon Musk. Il faut, au contraire, leur donner envie, ce qui est plus compliqué. Mais là réside l'essentiel du management pour les années à venir.

Une fois de plus, Elon Musk se distingue. Alors que les entreprises de technologie américaines ont plutôt favorisé le télétravail , il s'y oppose frontalement. Ses propos sont sans nuance : ceux qui ne viennent pas passer 39 heures par semaine au bureau sont invités à quitter l'entreprise.

C'est d'autant plus surprenant que le télétravail est un argument mis en avant pour recruter les jeunes talents. Ceux-ci tiennent particulièrement à avoir des modalités de travail qui s'adaptent aux modes de vie qu'ils se sont choisis. Outre le confort que cela leur procure, c'est aussi une façon de rester à distance, de ne pas mettre l'entreprise au coeur de leur vie. L'équilibre de vie passe au premier plan et le travail à distance est un des éléments qui y contribue.

Ce qui a radicalement changé, c'est qu'avant les périodes de confinement la présence était une évidence. Aujourd'hui, elle est un engagement. Elon Musk met le sien en exemple, en valorisant ses nuits à dormir dans ses usines pour soutenir ses collaborateurs. Avec cette forme de naïveté des patrons qui pensent que ce qu'ils font devrait être reproduit par la plupart.

Engagement ou obéissance ?

Cette problématique de la présence va devenir un sujet récurrent de tension, d'incompréhension et de ruptures dans l'entreprise. Car implicitement, elle révèle une relation au travail, la place qu'on lui accorde dans sa vie, le lien que l'on crée avec ses collègues, sa participation à une dynamique collective.

L'erreur d'Elon Musk est qu'il souhaite décréter l'engagement de ses équipes par une mesure autoritaire, convaincu que c'est un honneur de travailler dans l'une de ses entreprises. Si elle est obligatoire, la présence ne signe pas l'engagement, mais l'obéissance.

Il va falloir s'habituer à avoir des collaborateurs à engagement variable. Certains contribueront principalement par leur travail individuel qui pourra parfaitement se faire à distance, d'autres mettront au service de l'entreprise toute leur dynamique créative et collective. C'est toute la différence entre la contribution manuelle et intellectuelle d'un côté et la contribution affective et émotionnelle de l'autre.

Si on souhaite capter cette seconde dimension, ce n'est pas en le décrétant comme le fait Musk. Cela suppose de donner envie, ce qui est plus compliqué. C'est là l'essentiel du management pour les années à venir.

Rares sont ceux qui en ont pris la mesure. Soit en se résignant au travail à distance avec l'illusion que cela ne change rien, soit en tentant de résoudre le sujet par des mesures contraignantes. C'est le rôle et la formation des managers qu'il faut repenser, s'ils doivent donner envie. Quel beau chantier à venir !