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Quel effet produisent les dirigeants ? - Eric Albert - lesechos.fr

Tout passe par leur posture, donc leurs comportements. Il faut d'abord qu'ils en mesurent les conséquences. Et donc qu'ils se décentrent pour s'intéresser non plus à ce qu'ils font mais à ce qu'en pensent les autres.

L'avantage d'une campagne électorale est qu'elle nous donne une scène d'observation commune des acteurs.

Valérie Pécresse, lors de son premier meeting, est apparue manquant d'aisance dans l'exercice ; ce qu'elle a reconnu. Elle semblait se forcer dans un style un peu emprunté. L'effet produit n'a évidemment pas été celui recherché. Un peu de déception, voire de scepticisme de ceux qui l'écoutaient. Depuis, il semble qu'elle ait progressé.

Cet épisode peut être source de réflexion pour tous les dirigeants. Est-ce que leur comportement a l'impact qui correspond à leur intention ? Pas toujours bien sûr.

Contresens

Comment s'en rendent-ils compte ? Et, s'ils en prennent conscience, comment travaillent-ils pour combler le gap entre l'effet qu'ils veulent produire et l'effet qu'ils produisent réellement ?

Plus que tout autre, un dirigeant a le risque d'être trop tourné sur lui-même. Surchargé de préoccupations, il lui faut agir vite, passer ses consignes, prendre ses décisions, vérifier que ce qu'il a lancé est bien mis en place, etc.

Cette pression interne est de nature à le conduire à être plus centré sur ce qu'il a à faire que sur l'effet qu'il produit sur les autres. Ce qui compte pour lui dans ces moments, c'est ce qu'il dit plus que comment c'est reçu. Centré sur ce qu'il émet, il considère que c'est à ceux à qui il s'adresse d'en avoir la bonne compréhension. C'est évidemment un contresens du rôle du dirigeant.

Efficacité comportementale

Tout l'enjeu du dirigeant est dans l'effet qu'il produit sur les autres et dans la démultiplication. Certes, il continue tout au long de sa carrière de produire de la valeur ajoutée personnelle par sa réflexion et les décisions qu'il prend. Mais au fur et à mesure, il devrait susciter plus que produire ; faire en sorte que les impulsions viennent moins de lui que de ses collaborateurs directs.

Tout passe par sa posture, donc ses comportements. Il faut d'abord qu'il en mesure les conséquences. Et donc qu'il se décentre pour s'intéresser non plus à ce qu'il fait mais à ce qu'en pensent les autres. Ce qui devrait le conduire à faire évoluer ses comportements.

Par exemple, celui qui aime convaincre, comme le président de la République, pourrait vérifier que ses interlocuteurs ont aussi l'impression qu'il les écoute et qu'il les comprend. L'efficacité comportementale suppose de savoir adopter une large palette d'attitudes en fonction des circonstances. Or par nature, chacun utilise le registre dans lequel il est à l'aise. Un grand dirigeant est celui qui garde cette vigilance sur lui-même et continue de se considérer comme en développement.