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Quand contrevenir aux règles s'impose parfois en entreprise - Eric Albert - lesechos.fr

Il s'agit, de temps à autre et par un accommodement raisonnable, d'introduire de la souplesse et du bon sens dans la vie professionnelle quotidienne.

Nous sommes dans un monde de multiplication des règles et des contraintes de toutes sortes. C'est probablement et naturellement – sécurité oblige – dans les activités bancaires et assurantielles que c'est le plus marqué, mais tous les secteurs sont touchés.

Comme si ces règles ne suffisaient pas, l'entreprise elle-même les alourdit encore par ses process internes. L'intention de ces process était, au départ, de fluidifier le fonctionnement interne en uniformisant les pratiques. Puis ils ont été utilisés pour contraindre les acteurs, souvent à la demande des fonctions. Mais entre le code de conduite, la conformité et les multiples process, la marge d'action du manager de terrain est de plus en plus limitée.

Prétexte à l'immobilisme

Pis, il peut avoir comme principale préoccupation de ne jamais être pris en défaut. La règle devient alors le prétexte à l'immobilisme. Autrement dit, le cauchemar de tout dirigeant qui attend avant tout de l'agilité, de la prise d'initiative et de l'audace de ses équipes, pour permettre à l'entreprise l'adaptabilité indispensable dont elle a besoin. Or les règles deviennent parfois absurdes et leur stricte application ne fait que paralyser ou entraver les élans entrepreneuriaux.

C'est pourquoi certaines entreprises développent le concept d'accommodement raisonnable. L'idée est que chaque manager bénéficie d'une marge d'appréciation.

La règle donne un cadre qui doit être respecté dans l'esprit. Mais, dans la pratique, elle peut être exceptionnellement amendée dans la mesure où cela ne met pas l'entreprise en risque et qu'en parallèle, cela permet de simplifier ou d'accélérer la mise en oeuvre d'une action utile.

Pari de l'intelligence

Il s'agit d'introduire de la souplesse et du bon sens dans la vie quotidienne au travail. D'ailleurs, tous les grands dirigeants peuvent donner des exemples de situations pour lesquelles ils se sont affranchis d'un process pour faire avancer un projet. La nouveauté est d'autoriser cette démarche, autrement dit de faire le pari de l'intelligence plutôt que la garantie de la discipline.

Cet accommodement raisonnable, qui se pratique de façon tacite et qui oblige les plus audacieux à se mettre en risque, doit se diffuser de façon large. Cela permettra aux entreprises de gagner en souplesse, et donc en compétitivité.