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Loi Pacte : attention, les bonnes intentions ne suffisent pas ! - Eric Albert - lesechos.fr

Les termes « valeurs » et « raison d'être » peuvent être interprétés différemment. Il est important de consulter les salariés en leur donnant un cadre de réflexion.

La loi Pacte comporte un article qui incite les entreprises à définir leur raison d'être. Certaines en profitent pour remettre à plat leurs valeurs dans un souci de cohérence. Dès lors se pose la question de la méthode. La démarche suppose de partir des idées et des perceptions des collaborateurs. Mais elle se complique devant la masse de matière produite.

Faut-il procéder à une sélection en fonction des occurrences ? Certains pourraient être tentés de faire voter. La bonne intention devient vite un méli-mélo indigeste dont on ne sait que faire. Sans compter que les mots « valeurs » et « raison d'être » peuvent être interprétés différemment et que chacun en a sa propre lecture – la variété des réponses résulte d'ailleurs de cette dimension polysémique. Le risque est alors majeur d'aboutir à exactement l'inverse de l'objectif – donner du sens.

Des valeurs comme socle 

 

Prenons les choses dans l'ordre. Les valeurs s'inscrivent dans l'ADN de l'entreprise. Elles sont constitutives de son identité : c'est ce qui ne change pas. Ce sont des principes ancrés dans son histoire et que l'on souhaite garder dans la durée car chacun s'y reconnaît et y tient. Les valeurs déterminent certains comportements, pas tous. Le pendant des valeurs est en effet précisément ce sur quoi il est nécessaire de changer, d'évoluer et de progresser pour s'adapter à un environnement différent et/ou à des évolutions stratégiques et organisationnelles. Autrement dit, les valeurs sont stables quels que soient les aléas internes ou externes. En parallèle, les transformations supposent que certains comportements évoluent. Il est très important de bien différencier ces deux dimensions. Les valeurs sont un socle indispensable à  une culture commune qui permet de se faire confiance. Elles doivent être cultivées dans la vie quotidienne des acteurs et servir au recrutement.

La raison d'être, une source de fierté

 

La raison d'être exprime l'utilité sociétale de l'entreprise au-delà des intérêts propres des actionnaires et des salariés. Elle est de nature à donner de la fierté aux acteurs. La difficulté est de trouver le bon dosage d'ambition. Pas assez et il n'en sort aucune inspiration, trop et cela donne le sentiment d'un décalage entre la réalité et le discours. Ici encore, il est très important de consulter les salariés en leur donnant un cadre de réflexion. Puis, c'est aux dirigeants de formuler une version finale en tenant compte des suggestions et d'expliquer le sens qu'ils mettent derrière les mots. Il est ensuite essentiel de susciter le débat à tous les niveaux de l'entreprise sur la façon dont chacun peut contribuer à cette raison d'être.

Les entreprises ont plus que jamais besoin de nourrir une dynamique inspirationnelle qui élève par rapport au quotidien et donne du souffle aux équipes. Attention à le faire avec méthode, rigueur et authenticité. Rien de pire que de donner l'impression qu'on « coche la case » de façon formelle dans le cadre d'un exercice obligé.