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Les gains de productivité passent aussi par les « soft skills »  - Eric Albert - lesechos.fr

C'est assez contre-intuitif. On a plutôt tendance à considérer que la productivité est une affaire de technologie. Pas seulement !

Dans notre contexte d'inflation et de croissance poussive, la question de la productivité prend une importance particulière. Or elle aussi est à la traîne depuis des années.

Le dernier rapport du Conseil national de la productivité (CNP), organisme indépendant logé au sein de France Stratégie, prend un relief particulier dans cette situation. Il souligne le rôle essentiel de la formation et des aptitudes comportementales ou « soft skills » pour accélérer les gains de productivité.

L'information est assez contre-intuitive concernant les soft skills. On a plutôt tendance à considérer que la productivité est une affaire de technologie. Pas seulement !

Dimensions cognitive et conatives

Certaines études montrent qu'elles pèsent pour un tiers de la capacité à avoir des gains de productivité. Elles permettent notamment d'augmenter les capacités d'innovation et de favoriser les transformations indispensables. Derrière le terme soft skills se regroupent quatre dimensions.

Les capacités cognitives, c'est-à-dire le mode de traitement de l'information qui comprend la flexibilité mentale, les modes de pensée convergente et divergente ou encore la pensée logique.

La dimension conative qui décrit la façon de passer à l'action. Par exemple, la persévérance, la prise de risque, l'ouverture ou la conciliation.

Capacités émotionnelles et relationnelles

La troisième brique est constituée des capacités émotionnelles. Elles concernent l'usage de ses émotions et la compréhension des états émotionnels chez les autres.

Enfin viennent les capacités relationnelles qui s'appuient sur les trois précédents registres. Toutes ces compétences, pour s'épanouir, doivent bénéficier d'un environnement favorable au plan managérial : qualité du jeu relationnel entre les acteurs, autonomie, valorisation, etc.

Evaluation et promotion

Ces compétences se développent pour peu qu'on leur accorde de l'importance. Il ne s'agit pas seulement de les intégrer dans un programme de formation mais de les prendre en compte dans l'évaluation et dans la promotion des acteurs.

C'est souvent ce qui manque. Les formations sont déployées. Tout le monde les suit et y trouve de l'intérêt. Mais cela ne compte en rien dans la performance. Dès lors, il est souvent plus confortable de revenir à ses pratiques habituelles qui ne demandent pas l'effort de changer.

Ouverture prometteuse

À un moment où l'envie de travailler des acteurs est au plus bas et où l'entreprise a besoin plus que jamais d'augmenter sa productivité, cette piste des soft skills est une ouverture prometteuse. Car les entreprises, où ces aptitudes comportementales sont mises en avant, sont beaucoup plus attractives et donnent plus envie d'y venir travailler.

Les dirigeants, comme toujours, ont un rôle d'exemplarité pour eux-mêmes. Mais, il leur faut aussi montrer combien ils valorisent ces dimensions dans leur perception des collaborateurs et à quel point une ambiance, où les soft skills ont leur importance est essentielle pour eux.