expand

Les deux types d'autorité du leader - Eric Albert - lesechos.fr

Les dirigeants peuvent se retrouver en difficulté s'ils ne font pas suffisamment le distinguo entre l'autorité que leur confère leur fonction, et leur autorité personnelle, capable d'influencer en dehors de toute pression.

Le chef de l'Etat a perdu de son autorité au cours des dernières semaines, les sondages d'opinion en attestent. Rappelons que l'autorité est la capacité à exercer le pouvoir sans avoir recours à la force. Or, comme dans un épisode de son précédent mandat, nous entendons beaucoup parler de forces de l'ordre confrontées aux casseurs.

En entreprise, cette question de l'autorité est centrale pour les dirigeants, qui utilisent peu la force pour s'imposer.

Ils peuvent toutefois se retrouver en difficulté s'ils ne font pas suffisamment le distinguo entre l'autorité que leur confèrent les instruments du pouvoir liés à leur fonction, et leur autorité personnelle, capable d'influencer en dehors de toute pression.

Cette dernière repose sur un mélange de compétences, d'expérience, de réussites et de modes d'expression. Il s'agit d'une autorité d'influence qui émane d'une présence et d'une façon de s'adresser à divers interlocuteurs et de tenir compte de ce qu'ils sont.

Le piège de l'autorité de fonction

Un indicateur clé est l'utilisation que fait le dirigeant des instruments du pouvoir que lui donne sa fonction. Plus le dirigeant est accompli, moins il en a besoin.

Bien sûr, il lui arrive de prendre des décisions impopulaires, notamment en période de crise. Mais il peut aussi être amené à reporter une mesure dont la pédagogie n'a pas suffisamment imprégné les acteurs.

La facilité est évidemment de s'appuyer sur l'autorité reçue aux dépens de l'autorité personnelle. Avec quels risques ? C'est plus ou moins flou.

Ne s'appuyer que sur l'autorité que donne une fonction peut vite conduire à une forme d'autoritarisme. Et si personne, dans l'entourage du leader, ne conteste quoi que ce soit, le dirigeant ne s'en rend pas compte tout de suite.

Ses proches agissent alors avec prudence, redoutant qu'il recourt à trop de pression dans son action. Cette menace implicite, du reste, masque les raisons de leur adhésion. Font-ils semblant, pour ne pas contrarier le chef, ou bien sont-ils portés par une conviction qu'il partage avec lui ?

Le leader doit rester vigilant pour éviter, qu'avec le temps, l'autorité « de fonction » – confortable – ne prédomine et finisse par le piéger tant elle lui évite de se remettre en cause.