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Le confinement, l'occasion de se remettre à penser - Eric Albert - lesechos.fr

Travailler seul... Voilà qui est assez nouveau. C'est évidemment une source de souffrance. Le lien social est fondamental dans notre équilibre de vie.

Avec le confinement, pas de temps de transport et moins de temps passé dans les relations informelles, ne serait-ce que se dire bonjour le matin. Plus, non plus, tous ces pièges à capter l'attention : les perturbations permanentes de l'open space, les conversations entre collègues, les entrées et sorties des uns et des autres.

Chacun se retrouve à travailler plus seul, en étant moins perturbé et en ayant beaucoup moins de temps avec les autres. Car si les outils de travail à distance se révèlent très efficaces, ils n'encouragent pas à enchaîner des tunnels de réunions. Ceci explique, en partie, la meilleure productivité du télétravail en comparaison avec notre activité en open space.

Gérer la solitude professionnelle

Reste à gérer la solitude professionnelle qui offre aussi l'opportunité de développer des capacités de concentration nouvelles. La tentation première est de continuer à s'éparpiller tout seul. Dès qu'une difficulté se présente, il est facile d'aller consulter tel site, d'envoyer un message non indispensable ou de surfer sur les réseaux sociaux. En somme, de remplacer les interruptions provoquées par les autres par ses propres interruptions qui permettent d'éviter l'effort de la concentration pour la facilité de la consultation d'informations.

Pour retrouver des capacités de concentration, il est nécessaire de se donner des temps relativement courts pendant lesquels on s'assigne une tâche précise. Mieux vaut alors écarter toute porte de sortie, placer son mobile hors de vue et d'oreilles et mettre son ordinateur en mode avion. Cette tâche peut aboutir à une réflexion personnelle sur des sujets variés : comment améliorer sa propre valeur ajoutée ? Comment mieux contribuer au travail collectif ? Comment travailler différemment ?

Quelle contribution ? 

C'est souvent difficile au début, surtout lorsque les idées ne viennent pas. La tentation est alors forte de passer à autre chose de moins sollicitant. Mais, précisément, la concentration repose sur un exercice de persévérance. Il est rare que, lorsqu'on s'accroche, rien ne vienne. Au contraire, la plupart du temps, quelques idées émergent. Il reste à les creuser et, pour cela, les laisser reposer pour revenir dessus plusieurs fois. Mais, toujours sur des périodes courtes. Périodes que l'on peut encadrer de quelques minutes de méditation en se centrant par exemple sur sa respiration. Ici encore, la solitude permet ce que l'on ne s'autorise pas en présence des autres.

Le travail à distance pose d'une autre façon la question de la contribution de chacun. Au-delà de ce qu'il a à faire, la question pourrait être en quoi et sur quoi peut-il mieux contribuer et apporter plus de valeur par sa réflexion personnelle ?