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Faut-il prioriser ? - Eric Albert - lesechos.fr

La question des priorités est un véritable casse-tête pour les équipes dirigeantes. Peut-être faudrait-il avant distinguer ce qui est essentiel dans les pratiques habituelles et ce qui doit changer.

- Il faut maintenant que tous intègrent ces huit priorités qui vont guider notre année. Des questions ?

- Oui, sur le sujet de qualité de la relation clients _ qui n'est pas dans les priorités. Est-ce que cela veut dire que ce n'est plus important ?

- Bien sûr que c'est important ! Mais cela ne figure pas dans les priorités parce qu'on le fait déjà…

- Donc les priorités… C'est tout ce qu'il faut faire en plus de ce qu'on fait déjà ?

Arrêtons là la retranscription de cet échange entre un dirigeant et l'un de ses managers. Disons juste que l'agacement et l'incompréhension sont vite montés.

Cette question des priorités est un véritable casse-tête pour les équipes dirigeantes. D'un côté, la quantité et l'ampleur des chantiers à mener ; de l'autre, les capacités limitées de leurs équipes déjà surchargées. Choisir, c'est-à-dire renoncer, est une souffrance. Bien souvent, comme dans le dialogue ci-dessus, les priorités viennent en plus du quotidien. Elles sont un peu comme les textes de loi, elles se surajoutent à l'existant. Elles répondent en apparence à un besoin bien réel de changement ou d'adaptation.

Mais s'agit-il d'une action de court terme qui permet d'obtenir des résultats rapidement ou d'un changement plus profond sur la façon de travailler qui permet une évolution plus durable ?

Dans le premier cas, on encourage la course en avant qui épuise et, à terme, fait perdre le sens. Dans le second, on remet en cause les façons de faire pour travailler différemment . En somme, les priorités sont, en fait, des changements. Mais elles sont rarement traitées comme telles. Pour les dirigeants qui ont fait de gros efforts pour les choisir, c'est ensuite aux équipes de mettre en oeuvre. Il n'y a plus qu'à… Ils sous-estiment toujours le temps, l'énergie et les efforts de changement à faire. Ajoutons que lorsque ces priorités sont choisies, il n'est jamais pris en compte les événements non prévus qui viennent perturber et ajouter de la charge à tout ce qui était déjà en cours.

Peut-être faudrait-il cesser de parler de priorités et distinguer ce qui est essentiel dans les pratiques habituelles et ce qui doit changer. En limitant les changements à deux ou trois au maximum, par exemple. Cela soulagerait les équipes et leurs dirigeants et probablement, chacun saurait mieux ce qui est important.