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2021, une année à savourer - Eric Albert - lesechos.fr

L'un des effets inattendus (et peu remarqué) de ce que nous vivons depuis presque un an, c'est le ralentissement. Que faire de cette lenteur imposée ? Les spécialistes de la pleine conscience conseilleraient de la savourer.

Qui regrettera 2020 ? Même si les plus positifs insisteront sur l'apprentissage que nous a permis cette année de bouleversements, de contraintes et d'épreuves, le passage à l'année suivante est, plus que jamais en 2021, l'espoir qu'un livre s'ouvre, qu'un nouveau et meilleur temps commence. L'avantage cette fois-ci, c'est que l'on part de très bas. Mais le risque principal réside dans la tentation d'un retour en arrière. En somme, pouvoir reprendre une vie « normale ». Recommencer à voyager, retrouver la même vie familiale, sociale et culturelle qu'avant le Covid. Or l'enjeu serait de construire sur ce qui a été vécu pour faire autrement, différemment, mieux.

Ralentissement

L'un des effets inattendus (et peu remarqué) de ce que nous vivons depuis presque un an, c'est le ralentissement. On court moins, car on se déplace moins, on se rencontre moins, on a moins d'activités sportives, culturelles, etc. Que faire de cette lenteur imposée ? Les spécialistes de la pleine conscience conseilleraient de la savourer. La lenteur et la rareté sont des exhausteurs de goût. Mais si l'on n'y prend pas garde, on fait comme avant : on remplit l'espace libéré par des activités stimulantes mais qui laissent un arrière-goût de vacuité. Principalement la fréquentation des réseaux sociaux et le surf sur Internet. Donc en 2021, savourons.

Savourer suppose d'être disponible à ce que l'on fait et à ceux avec lesquels on est. C'est un art qui demande à être pleinement présent. On fait et on se voit faire. Comment savourer cette heure de transport (ou plus) économisée par le télétravail ? D'abord en l'identifiant pour l'extraire de la continuité de la journée, de façon à décider quoi en faire. Puis à clarifier ce qu'on attend de ce moment précieux car nouveau dans notre emploi du temps débordé. Dormir, lire, faire du sport, faire des activités avec ses proches, à chacun ses préférences. Et à chaque choix sa saveur particulière.

Se raconter

Mais savourer, c'est aussi savoir goûter ce que l'on a, plutôt que se désoler de ce que l'on n'a pas. C'est mieux utiliser les possibilités qui nous restent. Nous ne voyons plus assez nos amis et notre famille éloignée : et si nous reprenions l'échange épistolaire (le vrai, pas trois mots accompagnés d'émoticônes) pour se raconter, décrire ce que l'on vit, susciter un échange de qualité, exprimer ce qui manque vraiment. Nous ne pouvons plus voyager à l'étranger ? Profitons-en pour (re)découvrir l'un des plus beaux pays au monde, celui dans lequel nous vivons.

Je vous souhaite donc une année 2021 qui ne soit pas celle du retour à «l'avant», mais celle où vous savourerez toutes les opportunités de la lenteur et de la rareté.