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Se faire confiance - Eric Albert - Les Echos

Ce qui décidera l'électeur au moment de mettre son bulletin dans l'enveloppe sera la confiance qu'il accorde au candidat. Sentiment diffus et global qui est souvent très difficile à rationaliser. Pourquoi les Américains ont-ils davantage fait confiance à Donald Trump qu'à Hillary Clinton ? Le premier ayant toutes les caractéristiques d'une personnalité peu fiable, il est probable que cette instabilité a moins pesé que la perception de duplicité de la seconde.

Bien des entreprises axent leur action managériale autour de la confiance. Certaines la placent dans les valeurs, d'autres au coeur de leurs priorités managériales. De fait, elle est essentielle. Mais au-delà de l'injonction, comment créer les conditions de la confiance ?

La confiance se construit sur un trépied : le rapport à soi-même, la relation à l'autre, et le rapport au risque. Commençons par la confiance en soi. Notre rapport à nous-mêmes structure nos projections sur les autres. Celui qui doute de lui se méfie volontiers. Celui qui a peur cherche le danger dans les comportements des autres. Et finit par le trouver, ce qui le conforte dans sa conviction de défiance. Pour pouvoir faire confiance aux autres, il faut se faire confiance à soi. Développer son estime de soi. Capitaliser sur ses succès pour structurer son socle de compétences. Apprendre à ne pas craindre le regard des autres pour pouvoir montrer ses manques et assumer ses erreurs.

La relation à l'autre peut ensuite se développer de façon constructive. Elle doit combiner la bienveillance et l'exigence : bienveillance pour aborder l'autre en respectant sa différence et en se montrant ouvert à son point de vue ; exigence d'exprimer ses attentes, de formuler ses perceptions sous forme de feed-back et de demander des moyens de contrôle. L'équilibre de ces deux dimensions permet une qualité relationnelle indispensable à la confiance. Il faut enfin accepter qu'accorder sa confiance est un risque qu'il faut gérer par étapes et dont il faut régulièrement contrôler la mesure. Pour autant, il faut accepter que prendre des risques revient, par définition, à faire l'hypothèse de l'échec. Il arrivera donc aussi que la confiance soit trahie.

Et après ?

C'est évidemment à travers les dirigeants et les managers que se diffuse un climat de confiance. A eux d'aider leurs équipes à progresser dans leur confiance en elles-mêmes - et c'est d'autant plus important que le parcours scolaire et universitaire a plutôt tendance, en France, à insister sur les manques que sur les acquis. Les dirigeants et managers agiront auprès de leurs collaborateurs en leur donnant des retours quotidiens sur ce qu'ils font bien, en les encourageant à se lancer sur de nouvelles tâches et en reconnaissant leurs apports. Sur le plan de la relation, l'exemplarité du dirigeant est essentielle. Ce dernier donne des codes à travers son propre style… Celui qui n'écoute pas autorise implicitement les autres à faire de même. Enfin, le dirigeant doit accepter de prendre des risques en déléguant. La confiance est un renoncement, renoncement à la perfection pour la qualité de la relation.