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Positive@Work - Eric Albert - Les Echos

Lors d'une rencontre entre dirigeants, l'un d'entre eux lance un défi : à chacun de citer un fait positif pour la collectivité ! L'expérience tourne court. De nombreux participants ne trouvent rien de notable à citer ou commencent par un fait positif pour finalement souligner ce qui va mal autour.

Cette maladie bien française qui consiste à ruminer et à partager une vision négative avec le plus grand nombre semble avoir atteint beaucoup de dirigeants. On se plaint, on explique que tout va mal, comme si l'on se préparait à justifier son impuissance ou son futur échec. Cette posture n'est pas seulement déplaisante, elle est toxique pour l'entreprise et sa productivité.

Une étude de Gallup, qui a compilé 263 travaux de recherche, montre une corrélation entre la pratique d'un management positif et une augmentation de 21 % de la productivité et de 22 % de la rentabilité. Le management positif réduit aussi l'absentéisme, les incidents de sécurité et le turnover. Rien de révolutionnaire... mais des ingrédients connus comme « donner du sens », « créer un climat collaboratif », octroyer des « marges d'initiative », permettre « à chacun de se développer », etc. Des ressorts qui placent l'entreprise dans une démarche positive : positive pour chaque individu qui doit apprendre à goûter la satisfaction qu'il peut trouver dans son quotidien ; positive collectivement, lorsque chacun se sent responsable de porter cette dynamique dans sa relation aux autres.

La démarche n'est pas naïve, elle est, au contraire, très pragmatique. En diffusant lui-même cette perception et en créant les conditions pour qu'elle soit partagée, le dirigeant ne fait rien d'autre qu'effectuer une bonne gestion. Il améliore la rentabilité de son entreprise sans engager de moyens supplémentaires. Développer une dynamique positive est un devoir pour les dirigeants.

Le dirigeant qui devient de plus en plus négatif doit sérieusement penser à passer la main. Il n'a plus la ressource pour saisir les opportunités de l'environnement dans lequel il évolue. Et sa vision noire du moment le conduit à chercher les solutions aux problèmes actuels dans le passé. Son accablement provoqué par le monde n'est que le reflet de son incapacité, car le pessimisme et les plaintes sont un aveu de faiblesse et de manque de résilience. Faute de pouvoir être dans l'action, il est dans le jugement défaitiste. Il n'a plus ni les clefs, ni l'imagination, ni le dynamisme pour mener l'entreprise dans son environnement ici et maintenant.

Et après ?

Le pessimisme est si fréquent que l'on ne le repère plus. Il est pourtant indispensable de le traquer comme on traque les coûts. Et, comme toujours, le dirigeant doit commencer par lui-même. Cultiver un regard positif sur son environnement est une forme d'hygiène de vie psychique. C'est une vigilance quotidienne qui doit conduire à chercher les opportunités dans les événements et à pousser les équipes à faire de même. C'est un état d'esprit collectif qui doit progressivement transformer le jeu relationnel entre les acteurs. Le dirigeant est aussi un « chief happiness officer ».