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Mais au fond, pourquoi travailler autrement ? - Eric Albert - Les Echos

« Flex office », réseaux sociaux d'entreprise, télétravail, mode projet, « shadow comex », etc. Les initiatives se multiplient. Chacune suit sa logique. Mais en quoi et pourquoi est-il si nécessaire de travailler autrement ?

Tout le monde sent bien que c'est un sujet important. Il s'impose par les bouleversements auxquels chacun est confronté, tous les jours, dans sa pratique professionnelle. Le digital, le rythme effréné des innovations, l'arrivée de nouveaux acteurs qui s'insèrent dans la chaîne de valeur, l'intelligence artificielle, les nouveaux usages, les nouvelles relations au travail… Arrêtons là l'énumération. Seuls ou combinés, ces différents paramètres modifient le travail (ou devraient le faire). Mais comment les prendre en compte pour structurer différemment notre activité au quotidien ? 

Bien souvent, les initiatives se multiplient et se superposent. Organisation des locaux en « flex office », mise en place de réseaux sociaux d'entreprise, télétravail, droit à la déconnexion, mise en réseau des experts entre eux, appel à contribution sur les projets, mise en place de « shadow comex », etc. Les initiatives ne manquent pas. Chacune suit une logique bien définie, mais le sens général est noyé dans la superposition.

En quoi et pourquoi est-il si nécessaire de travailler autrement ? Pour chacun d'entre nous, la première question est celle de la place que l'on donne à sa vie professionnelle au sein de son existence. Puis, il s'agit d'ajuster ses attentes à son investissement et de se donner un cadre permettant de se consacrer réellement à ses autres champs de vie. Cette relation à soi conduit surtout à s'interroger sur sa valeur ajoutée dans des environnements professionnels très mouvants. Si l'on ne se pose pas cette question en permanence, l'environnement de travail s'en chargera, avec des conséquences qui peuvent être brutales. Enfin, la relation à soi suppose de ne plus subir les mutations, mais de s'y adapter pour en tirer bénéfice.

Conséquence : dans notre relation au temps, tout nous conduit à être dans l'immédiateté et dans le zapping permanent. De l'usage du smartphone en réunion à celui des deux écrans le soir devant la télévision, il devient de plus en plus difficile de ne faire qu'une chose à la fois et de ne pas être dans l'hyperréactivité. Or, il n'a jamais été aussi important de combiner les temps. Celui centré sur le présent et la rapidité et celui consacré au moyen terme (sans compter les temps de prise de recul). D'ailleurs, de plus en plus, les dirigeants devraient être évalués sur la réussite de leur successeur plutôt que sur leurs seuls résultats à court terme.

Enfin, la relation aux autres s'inscrit dans la complémentarité et le partage plus que dans le territoire et la rivalité. D'où la nécessité de partager autrement les lieux, les informations, les contributions.

Et après ?

L'importance des mutations que vit le monde du travail nous impacte principalement sur ces trois dimensions : soi-même, le temps et les autres. Ces trois piliers sont nécessaires à la construction d'une nouvelle façon de travailler plus harmonieuse et épanouissante. Car les outils digitaux menacent de capter en permanence ces biens précieux que sont l'attention et l'énergie. Ce lien numérique permanent conduit à ne plus choisir, mais à subir. Dès lors, les compétences comportementales deviennent essentielles.